On avait quitté Dexter Morgan à l’issue d’une huitième saison où il semblait que le personnage eut trouvé une sérénité en s’extirpant du cocon professionnel et social qu’il avait su établir sur toute une vie entière. Pour cacher son autre personnalité, Dexter se retirait de Miami et s’exiler dans l’Oregon en menant une exploitation forestière. Cette relance de la série intitulée « New Blood » mêlait craintes comme espoirs à l’idée de réhabiliter certaines sous-intrigues et sorts de personnages soit maladroits, soit mal écrits dans les dernières saisons. Se déroulant dix ans après cette fin tragique, on y suit Dexter sous un faux nom, ayant comme nouvelle routine, celle du civil travaillant dans une armurerie, ayant également une relation amoureuse avec une policière . Mais alors qu’il commence à se sentir suivi, c’est tout l’instinct meurtrier du personnage qui le menace de revenir…
Ce n’était pas chose gagnée que de réussir ce retour, il faut dire que la fin de la huitième saison, comme rappelée au-dessus, n’était pas nécessairement des plus réussies, non pas que l’épilogue était mauvais, mais surtout maladroitement exécuté. Bonne nouvelle, puisque ce premier épisode reprend exactement là où l’on nous laissait, avec Dexter. Dès la première séquence, le personnage semble porter « l’identité du jour » telle que celle qu’il utilisait dans sa vie à Miami, menant des relations amicales avec les habitants de la ville. La tension suscitée lorsqu’il se fait arrêter par la jeune policière incarnée par Julia Jones, elle est rapidement désamorcée par ce fameux second degré qui nous avait tant manqué à la série. Dexter n’est pas soupçonné, et s’il n’est pas attrapé par la police, il semble l’être par l’amour qui le lie à cette femme.
Ne regarder que devant soi, pour se sauver.
Michael C. Hall est à nouveau impressionnant dès ce premier épisode, tant il reprend à merveille ses mimiques uniques aux personnages, qu’il lève les sourcils ou rit de manière forcée, c’est tout le paradoxe du personnage qui s’éveille à nouveau. Parce qu’on l’aura bien compris, si le personnage s’est assagi sur ces dix ans, il n’a rien perdu de regard réaliste et émotif sur cette communauté à l’allure paisible qui l’entoure. Le réalisateur Marcos Siega choisit de cadrer large, lorsque l’on suit le personnage, chassant en forêt ou lors des rassemblements, et cela de manière logique, puisqu’il y sera essentiellement question dans cet épisode, de la paranoïa ambiante et toujours ressentie par Dexter. Des instincts qui se réveillent devant les provocations d’un jeune riche, impliqué dans un accident mortel, certaines scènes illustrent de nouveau la parfaite ambivalence du personnage.
Ne voyant plus que Debra lors de ses visions et plus son père, Dexter Morgan ne cesse d’être sollicité psychologiquement, ayant crainte que ses proches soient menacés comme par le passé, s’il sombre encore au jour prochain. A ce titre, l’histoire de cet épisode est tout à fait intéressante puisqu’elle met en parallèle l’idée d’être poursuivie et cernée par sa propre personnalité : Dexter pense être suivi par un intrus lui voulant mal, mais il s’agit en réalité de son fils. Autrement dit, de son passé, de sa personnalité, de son identité. Des retrouvailles de personnage, que Dexter n’accepte pas, à l’image de cette séquence où il refuse de chasser la biche, où la photographie est d’ailleurs magnifique. Et pourtant, il replonge dans le meurtre sans y réfléchir une seconde, non cela ne l’a jamais quitté. Il vient de s’en apercevoir. Un épisode très touchant donc, puisque l’on nous donne à voir le personnage rongé par son passé, quitte à ne plus revoir son fils, imaginant le pire de chaque situation qui découlerait de ses actions.
Conversation avec le passé, comme pour rester serein (ou pas).
Bien sûr, on pourra reprocher que tous les codes de la série sont répartis en un seul épisode, ce qui fait peut-être un peu trop, mais cela semble également logique pour réintroduire le meurtrier attachant : il ne suffit pas d’un seul événement pour que le dark passenger puisse se réanimer. Au fond, si la routine reprend le dessus à la fin de l’épisode, Dexter semble toujours avoir gardé en mémoire le code que son père adoptif lui avait appris, ne tuer que l’ordure, pour le remettre à sa place. La voix-off revient progressivement, comme le personnage au fil de l’épisode. Rester humain, imparfaitement humain, laissant les traces de sang couvertes par la neige…
Sans générique introductif, ce premier épisode de Dexter interroge d’abord tant y est absente la cultissime musique de Rolfe Kent, qui reviendra à l’occasion du générique final. Et c’est pourtant un choix bien logique, le personnage n’ayant plus cette routine de journée, et de nuit. Reviendra-t-elle de manière plus fréquente ? Cela reste à voir. Chose faite, Dexter reste toujours ce personnage ambivalent dont la psychologie risque de nous saisir pendant encore une saison. C’est aussi, la marque de respect de Clyde Philips pour la série toute entière.
⭐⭐⭐⭐⭐
Note : 4.5 sur 5.Dexter : New Blood exclusivement disponible sur MyCanal à partir de décembre 2021.