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[CRITIQUE] Demon Slayer (Saison 4) – les derniers échauffements

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Par JACK

L’adaptation animée de Demon Slayer entame sa dernière course. Elle s’y prépare, du moins. Après trois saisons de combats époustouflants, au cours desquelles la clique de Tanjirō Kamado a épluché autant de démons que de mystères à leur propos, la série fait retourner ce beau monde au stade de l’entraînement en vue d’une guerre totale contre les mangeurs d’hommes. En ce sens, elle ne fait que suivre sa ligne éditoriale : tout shōnen qui se respecte contient sa séquence d’exercice intensif avant le duel final. Rares sont ceux, cependant, qui s’y sont autant attardés, puisque Demon Slayer en fait tout bonnement le tronc de sa quatrième saison. D’ordinaire assez proche de son matériau d’origine (un manga aux cent-cinquante-millions d’exemplaires vendus), pour ne pas dire scrupuleusement fidèle à celui-ci, le programme japonais s’autorise maintenant à improviser, afin que l’échauffement de ses jeunes héros couvre au moins huit épisodes.

La décision a ses avantages : d’un côté, en élongeant la formation des pourfendeurs, la série donne une valeur autrement plus grande aux efforts de ceux qui y participent (une notion plus que fondamentale dans son narratif) ; de l’autre, elle s’octroie l’opportunité de développer ces personnages énigmatiques que sont les piliers, ces sabreurs à la force phénoménale reconvertis en maîtres d’armes, en leur attribuant un chapitre complet. À chaque épisode, son cours particulier, son monologue sur le dépassement de soi, ses litres de sueur et son flashback pour faire pleurer dans les chaumières, reliant les épreuves du présent aux plaies du passé. Mais aussitôt, le hors-piste de l’adaptation atteint ses limites : Demon Slayer, qui venait tout juste de remanier sa formule rébarbative avec sa troisième saison, revient de fait à une narration programmatique, presque sans surprise. Un sacré bond en arrière, que sa production de luxe ne parvient pas à racheter, cantonnée aux dojos et petites passes d’armes (quand celles-ci ne sont pas vicieusement écourtées par une ellipse) en attendant la prochaine fournée. Pour égayer cet ensemble mécanique, le show ne peut compter que sur sa galerie de protagonistes peu commodes.

© Crunchyroll.

Pour sûr, l’optimisme infatigable de Tanjirō, le pourfendeur au sourire long comme l’épée, est d’un grand recours. Incarnation extrémiste des valeurs du manga shōnen, qui froisse ses ennemis avec une détermination incroyable, le héros oppose sa bonhomie à l’organisation répétitive de l’entraînement. Ses amis (un garçon qui se déguise en sanglier et un trouillard de première) sont eux aussi affiliés à cette cause et répondent à un nouveau cahier des charges : donner dans le hurlement kawaii, la compétition rigolote, le souvenir nostalgique (la quatrième saison récupère des éléments de la première et assure le retour de Tengen Uzui, le playboy et ex-mentor du trio), pour que la remise en forme physique soit aussi galvanisante que franchement drôle. Sur ce point, c’est mission accomplie. Cette garnison d’épisodes est de loin la plus désopilante, ce qui n’est pas sans lien avec sa peinture des apprentis combattants, dont la tête minuscule et juvénile surplombe un corps viril, boursouflé de muscles, et que l’exhibition permanente rend encore plus poilant.

La blague est, en outre, marqueuse de progression. Les abdominaux saillants, les épaules larges et les cicatrices qui les couvrent se font traces des missions précédentes. À côté des personnages principaux, les figurants ont l’air de pages blanches. Cette saison parmi les piliers salue donc le chemin parcouru et ne se gêne pas d’agrémenter leurs capacités spéciales en mysticisme (la fameuse marque des pourfendeurs révèle ses secrets), mais également d’alimenter l’impatience du public quant à l’arc final, qui devrait, en toute logique, en appeler aux exercices du jour. Il reste dommage que ces huit épisodes se bornent au commentaire positif sur les progrès des protagonistes sans déboucher sur de nouvelles techniques de combat, comme aiment les vendre les séries nippones. La naissance d’une parade toute neuve aurait fait taire le sentiment de surplace qui règne malgré tout ici. Jusqu’aux filouteries de la dernière heure, bien entendu.

Demon Slayer, 4 saisons, 63 épisodes, 24 min, avec Natsuki Hanae, Akari Kito, Hiro Shimono – Sur Crunchyroll.

6/10
Total Score
  • JACK
    6/10 Satisfaisant
    La quatrième saison de Demon Slayer fait retourner tout le monde à l’entraînement. En ce sens, la série ne fait que suivre sa ligne éditoriale de shōnen, avec sa séquence d’exercice intensif avant le duel final. Rares sont ceux, cependant, qui l'ont fait durer à ce point.
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