[CRITIQUE] Cry Macho – L’insignifiant testament

Au cours des décennies de carrière de Clint Eastwood, le western est un genre dans lequel il a eu un impact considérable. Certaines de ses meilleures œuvres, dont Impitoyable, lauréat du meilleur film aux Oscars en 1993, sont des westerns, c’est pourquoi il est toujours intéressant de voir la légende hollywoodienne revenir à ce genre. N’étant pas de nature à ralentir, Eastwood, âgé de 91 ans, dirige et joue dans Cry Macho, basé sur le roman du même nom de N. Richard Nash (qui a également coécrit le scénario). Quelques-uns des derniers films d’Eastwood ont été bien accueillis, mais celui-ci n’est pas à la hauteur. Cry Macho est un western assez standard, handicapé par une maigre histoire, qui l’empêche d’atteindre les sommets de la filmographie légendaire d’Eastwood.

Eastwood incarne Mike Milo, une ancienne star du rodéo qui a connu des moments difficiles après avoir vécu une tragédie. Un jour, Howard Polk (Dwight Yoakam), l’ancien patron de Mike, lui demande une faveur. Howard veut que Mike se rende au Mexique et ramène au Texas le fils d’Howard, Rafael (Eduardo Minett), en invoquant les inquiétudes de la mère du garçon, Leta (Fernanda Urrejola), qui le maltraite constamment. Mike accepte le travail et se rend au sud de la frontière pour trouver Rafael. De là, les deux hommes doivent éviter les autorités et les hommes de main de Leta afin de rentrer aux Etats-Unis. Eastwood a toujours été un cinéaste économe et Cry Macho ne perd pas de temps à mettre en place l’histoire et à amener les spectateurs directement dans l’intrigue. Si cette approche est bienvenue (Cry Macho dure 104 minutes), le problème principal est qu’il n’y a pas grand-chose à raconter en termes de développements ou de thèmes. L’histoire elle-même est assez simple, et toutes les tentatives de creuser plus profondément sous la surface (qu’il s’agisse de l’enfance troublée de Rafael ou du point de vue de Mike, un homme âgé, sur le fait d’être “macho”) ne laissent pas beaucoup d’impression. Cry Macho joue avec quelques idées intéressantes, surtout si l’on considère le passé et l’image d’Eastwood à l’écran, mais il n’y a pas assez d’éléments pour en faire une des meilleures œuvres du réalisateur, encore moins une bonne œuvre testament.

Le jour des morts-vivants.

Le cœur émotionnel de Cry Macho réside dans la dynamique entre Mike et Rafael, et les deux font une paire solide, qu’ils portent les moments les plus dramatiques du film ou qu’ils injectent un peu de légèreté. Certains aspects de leur relation peuvent paraître prévisibles (Rafael a besoin d’une figure paternelle fiable), mais leur lien est toujours juste. Minett fait un bon travail dans le rôle de Rafael, trouvant un équilibre entre un adolescent intelligent et un enfant vulnérable qui cherche quelqu’un à qui faire confiance. Eastwood est caractéristiquement solide, canalisant son personnage typique pour apporter de la gravité à Mike. Cependant, on peut dire qu’à 91 ans, il est un peu trop vieux dans une sous-intrigue où il devient une sorte d’intérêt romantique pour la grand-mère veuve Marta (Natalia Traven). Bien qu’il soit nostalgique de se voir dans son accoutrement de cow-boy chevauchant des chevaux, dragueur dans des saloons, Eastwood ne peut se caractériser de la même façon à 91 ans. Malheureusement, Mike et Rafael sont les seuls personnages dont le portrait est vraiment étoffé. La majorité des seconds rôles sont des personnages de base qui n’existent que pour servir l’histoire. L’Aurelio d’Horacio Garcia Rojas n’est qu’un obstacle qui se met sur le chemin de Mike et Rafael pour quelques confrontations (qui sont facilement résolues) et Traven n’a pas grand-chose à faire dans le rôle de Marta. Cela permet à Eastwood de se concentrer sur le voyage de Mike et Rafael, mais l’ensemble bidimensionnel fait que le film traîne un peu en son milieu, ce qui pourrait faire perdre l’intérêt de certains spectateurs. Aucun des acteurs n’est mauvais dans son rôle, mais il peut être difficile de s’investir pleinement dans le film, car l’histoire est (trop?) quelconque.

“Vous avez remarqué l’impact sur mon parebrise ?”

Il est impressionnant de voir qu’Eastwood continue à produire des films en tant que réalisateur et acteur, et qu’il fait un triple travail pour Cry Macho puisqu’il est également producteur. Et les fans inconditionnels qui suivent sa carrière depuis des années trouveront probablement quelque chose à apprécier. Cependant, comparé à certaines des meilleures œuvres d’Eastwood (et même à quelques-uns de ses efforts plus récents, comme l’excellent La Mule), Cry Macho n’a pas ce qu’il faut pour être un véritable succès et il ne sera probablement retenu lors de la période des cérémonies. Il y a quelque chose de réconfortant à voir Eastwood dans un autre western, mais ce n’est pas suffisant pour vraiment élever ce film si insignifiant.

Note : 2.5 sur 5.

L’avis de la rédaction :

William Carlier

Le dernier film de Clint Eastwood est souvent décevant, accumulant les raccourcis scénaristiques et clichés parfois gargantuesques. Mais, tout n’est heureusement pas à jeter : après le premier quart -quoiqu’un peu pénible tant l’ensemble du casting peine à jouer correctement – il ressort de la relation père-fils une humanité touchante, alternant entre humour et émotion, pour évoquer les regrets de vie de l’ancien Macho. Ce n’est pas un film dont le souvenir restera impérissable (le récit initiatique/traque des plus classiques), mais significative du talent de son auteur, qui implose littéralement le film par sa performance à lui seul. Sympathique dans l’ensemble.

Note : 3 sur 5.

Cry Macho au cinéma le 10 novembre 2021.

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