[CRITIQUE] CODA – Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd

Dans une année où les nouvelles du soir sont souvent bien trop lourdes, il est important de trouver une chaleur légère quand on le peut. Heureusement, CODA, le film à succès du festival du film de Sundance de cette année, est le baume parfait pour ces temps-ci. Sorti sur Apple TV+, CODA a séduit le public lors de sa première apparition au festival plus tôt cette année, et il est clair que les éloges n’étaient pas déplacés. Le film est basé sur le film français La Famille Bélier, mais il trouve sa propre voix grâce à la réalisatrice Sian Heder et à son impressionnant casting. Sincère et honnête, CODA prend ce qui pourrait être une histoire générique et la transforme en une exploration sincère de la famille et des avantages de l’inclusion.

L’adolescente Ruby Rossi (Emilia Jones) est la raison du titre CODA, ou enfant d’adultes sourds (Children Of Deaf Adults en anglais). Lorsqu’elle n’est pas à l’école, elle passe son temps à aider sa famille en tant qu’interprète pour toutes choses. Ainsi, lorsque ses parents Frank et Jackie (Troy Kotsur et Marlee Matlin), bien intentionnés mais indélicats, contractent une MST, elle doit les accompagner chez le médecin pour traduire. La seule véritable passion de Ruby est le chant, et avec les encouragements de son professeur de chorale, M. Villalobos (Eugenio Derbez, qui est tellement amusant), elle commence bientôt à rêver d’entrer dans une école de musique. Cependant, alors que sa famille est sur le point de lancer une nouvelle entreprise de pêche, Ruby est déchirée entre sa loyauté envers eux et son désir de trouver sa propre voie. L’histoire de base d’un lycéen désireux de poursuivre une carrière musicale est loin d’être révolutionnaire. CODA reprend de nombreux thèmes familiers, de la découverte par M. Villalobos de la voix puissante de Ruby au “training montage” obligatoire. Et pourtant, en plaçant Ruby au centre d’un foyer de sourds, CODA parvient à être novateur. Hollywood a tendance à négliger les histoires de personnages handicapés, mais ce film montre exactement pourquoi il devrait cesser de le faire. Heder (qui a également écrit le scénario) parvient à trouver de nouvelles profondeurs émotionnelles à la fois dans le principe et dans les personnages en refusant de traiter les Rossis comme des moins que rien. Oui, ils sont confrontés à des obstacles en tant que personnes sourdes, mais ce sont aussi des personnages à part entière. Ils ont de la profondeur. La fierté de Frank est liée à son travail de pêcheur, Leo (Daniel Durant), le frère de Ruby, souhaite être aussi utile qu’elle, etc. Ces détails ont de l’importance.

Le fait que les acteurs de CODA aient l’impression d’être une vraie famille y contribue. C’est à la fois grâce à leurs performances et au scénario d’Heder, qui trouve des moyens astucieux d’éviter que les interactions familiales ne deviennent trop sentimentales. Ruby et Leo essaient régulièrement de se surpasser avec des surnoms grossiers, et la Jackie de Matlin n’a aucun problème à aider Leo sur Tinder. Comme on pouvait s’y attendre, Matlin est l’une des vedettes du casting, car elle traduit de manière experte la lutte de Jackie pour accepter la passion de Ruby pour le chant, une activité qu’elle ne peut pas comprendre. Dans le rôle principal de CODA, Jones insuffle à Ruby la bonne dose d’affection et de frustration pour sa famille, et à mesure qu’elle sort de sa coquille, il est impossible de ne pas l’encourager. De plus, Kotsur ne manquera pas d’arracher quelques larmes au public lorsque Frank se rendra compte que sa fille a un talent incroyable dont il n’a que des soupçons. Si CODA a un défaut, c’est dans sa fin bien ficelée, qui révèle des sauts narratifs qui ne semblent pas entièrement mérités. Certains des petits conflits parsemés dans le film sont traités rapidement. En même temps, il est difficile de reprocher à Heder d’avoir opté pour une conclusion aussi optimiste. Alors que Ruby poursuit son rêve, l’utilisation de la chanson “Both Sides Now” de Joni Mitchell dans un moment triomphal tire sur la corde plus que tout autre élément de ce film tendrement sentimental. Certains trouveront peut-être que c’est exagéré, mais CODA s’efforce de faire ressentir aux spectateurs toutes les émotions possibles.

C’est une période difficile pour beaucoup, ce qui rend CODA d’autant plus vital. Il offre le confort du familier, mais avec une touche unique qui le distingue des autres films de ce genre. CODA est un film qui plaît au public, rempli d’une compassion authentique et d’un message important. Chaque voix est essentielle, même si elle s’exprime de manière différente. Ceux qui recherchent quelque chose qui les fasse sourire, rire et, oui, pleurer (dans le bon sens du terme !) seraient bien avisés d’aller voir ce film.

CODA exclusivement disponible sur Apple TV+.

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