Cassandro de Roger Ross Williams, tel un exótico de lucha libre est flamboyant, audacieux et inoubliable. Bien plus qu’une simple biographie d’une star du catch mexicain, il nous plonge au cœur de l’âme de son protagoniste, Saúl Armendáriz, alias Cassandro. À travers un regard structuré et nuancé, il explore l’essence même de l’identité, de la liberté et de la résilience.
UN “PERSONNAGE”
Il est réconfortant de voir un film sur le catch qui s’éloigne des clichés habituels, à l’instar de The Wrestler de Darren Aronofsky ou Une famille sur le ring consacrés à la vie de la catcheuse Paige. Cassandro prend le temps de dévoiler la véritable identité de son protagoniste derrière le masque du catcheur, révélant les multiples facettes d’un homme courageux et complexe. Cette exploration profonde de la personnalité de Cassandro évoque le regretté Windham Lawrence Rotunda, alias Bray Wyatt, chez la WWE, qui laissait transparaître sa dépression et ses peurs les plus enfouies derrière son personnage.
Au cœur, Gael García Bernal incarne avec brio le protagoniste éponyme. Son interprétation est une véritable révélation, oscillant entre charisme, sensibilité et un brin de malice. Bernal parvient à transmettre la dualité de Saúl Armendáriz, un homme qui trouve le courage de révéler sa véritable identité tout en affrontant les peurs d’un monde extérieur hostile. Le personnage de Cassandro est un hommage à la diversité et à la force intérieure qui peut émaner de chacun, même dans un univers aussi rigide que celui du catch mexicain.
C’EST ÇA LE CATCH
La mise en scène, à la manière de Pablo Larraín, apporte une dimension supplémentaire à ce portrait captivant. Les scènes de soirées et surtout les combats de catch sont sublimés par l’utilisation judicieuse du grand angle, nous plongeant au cœur de l’action. Matias Penachino, directeur de la photographie argentin, insuffle une énergie palpable à chaque mouvement, capturant la vitesse effrénée de la lutte mexicaine. Les séquences de combat sont un véritable ballet, où chaque geste, chaque chute est une danse chorégraphiée avec une précision impressionnante.
Roger Ross Williams parvient à capturer l’essence même du lucha libre, cette forme unique de catch mexicain. Le film recrée avec brio la couleur et la vivacité de cet univers tout en préservant son intégrité. On y trouve des références à des légendes comme El Hijo del Santo, qui transcendent la frontière entre la fiction et la réalité. Cette œuvre nous rappelle que le catch, bien qu’il puisse sembler un divertissement truqué, est en réalité une forme d’art poétique où le bien triomphe du mal, un échappatoire à la dureté du monde. Tout comme il n’est pas étonnant de retrouver le rappeur Bad Bunny. Fan de catch depuis l’enfance, il est récemment devenu catcheur vedette à la WWE dans des matchs références notamment contre Damian Priest à Puerto Rico, sa terre natale – exceptionnel moment de catch.
Au-delà des paillettes et des costumes, Cassandro est une quête de liberté. Les luchadores sont des héros masqués, mais Cassandro devient un héros en ôtant son masque. Le catcheur autoproclamé “Liberace de la lucha libre” utilise son talent pour changer le sport et devenir un pionnier queer. Il fait face à la préjudice et à l’homophobie en montrant sa force intérieure. C’est un hymne à la résilience, à la persévérance et à l’acceptation de soi. On nous rappelle que, sous les projecteurs et derrière les masques, se cachent des êtres humains complexes, luttant pour être eux-mêmes dans un monde qui ne comprend pas toujours leur véritable identité.
Cassandro est magnifique.
Cassandro de Roger Ross Williams, 1h47, avec Gael García Bernal, Roberta Colindrez, Bad Bunny – Sur Prime Vidéo le 22 septembre 2023
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