Avec Amour et Acharnement ? L’amour je ne l’ai jamais ressenti avec ce long-métrage, en revanche je peux vous dire que l’acharnement contre le spectateur il est bien présent. Que s’est -il passé pour que Claire Denis, l’une des réalisatrices françaises les plus en vogues chute à ce point-là ? Avec Amour et Acharnement est le dernier long-métrage réalisé par celle qui depuis 1988 et la sortie de son Chocolat, à impressionné aussi bien les critiques que les spectateurs. Beau Travail, Trouble Every Day, Vendredi soir ou encore High Life, la carrière de Denis est une série d’œuvres qui semblent apriori toutes différentes les unes que les autres. Mais elles sont reliées par des thématiques, ou des visions de ce qu’est le cinéma, similaires. Et c’est là que notre film du jour est particulièrement intriguant : il est à la fois le film regroupant le plus l’esprit « Claire Denis » et pourtant son plus mauvais. On y retrouve des comédiens que la réalisatrice à l’habitude de diriger comme Vincent Lindon (après Vendredi Soir notamment), Juliette Binoche (les mauvais souvenirs d’High Life reviennent) et surtout Grégoire Colin (presque une dizaine de films avec la réalisatrice).
Tout d’abord le rapport que la cinéaste à avec le corps, notamment ceux de ses personnages, n’a jamais était aussi fort que dans Avec Amour et Acharnement. Dès la scène d’ouverture la fusion charnelle entre Sarah et Jean (nommé seulement au bout de quarante cinq minutes de film) révèle beaucoup des liens entre les protagonistes : un amour puissant, la force brute de l’ex-rugbyman ou encore la fragilité déjà présente de Sarah. Pourtant il faut bien avouer qu’au bout de la trentième minutes passée à fixer de longs zooms sur des chaussures ou des bouts de corps on commence à s’en lasser. Même plus, le film commence à nous agacer. Oh et je ne pense pas que ce soit un avis très personnel comme en témoigne les six personnes qui se sont enfuient pendant la séance (bravo à vous j’aurais dû vous suivre !!!).
Quand on pense au style de Claire Denis on évoque facilement son talent pour laisser parler la mise en scène plutôt que les personnages. « J’ai choisi le camp des cinéastes qui font confiance à l’image » disait -elle d’ailleurs en 1995 dans un documentaire sur sa carrière réalisé par Sebastien Lifshitz. Pourtant sa dernière œuvre devient alors extrêmement paradoxale tant les dialogues sont nombreux et surtout trop lourds. Les répétitions ridicules s’enchainent à quasiment toutes les scènes et encore aujourd’hui je ne peux plus entendre le prénom François (qui est dit à peu près quatre-vingt-quatre fois) ou encore certaines répliques bien trop malaisantes (on retiendra notamment le superbe « tu as connu l’ange maintenant prépare toi au diable », merci beaucoup Vincent Lindon pour ce grand moment nanardesque). Entre les dialogues ennuyants et les silences interminables il faut bien dire qu’on s’ennuie en seulement deux heures. Et ce n’est pas vraiment le scénario qui viendra retenir votre attention, à la fois oubliable et surtout très laborieux, il faut bien avouer qu’on est rapidement perdu : ton histoire n’est pas très claire Denis.
Cette œuvre est une expérience étrange, elle a tout pour être une réussite (en tout cas critique) et pourtant quelque chose casse à un moment donné. Les thèmes sont récurrents dans le cinéma de la réalisatrice, les acteurs sont des habitués, même les groupes de musiques présents ne sont pas à leur première collaboration et pourtant le film est en décalage complet. À tel point que la séance devient amusante, entre le navet et le nanar. Il faut bien dire qu’au bout d’une heure et demie de musiques incessantes et de dialogues qui je l’espère sont improvisés on a plus beaucoup de choix à part rire (ou se fracasser le crâne sur le siège d’à côté). Et alors le film devient un chef d’œuvre d’humour. Comme quoi la vie est pleine de surprises. Il y aurait tant de choses hilarantes à retenir de ce film mais finalement j’ai déjà perdu deux heures en salles alors je pense qu’il faut arrêter maintenant. C’est quoi le cinéma de Claire Denis ? Un cinéma très physique qui vient vous transpercer par sa compréhension de ce qu’est l’intime et l’amour. C’est-à-dire absolument pas ce film alors fuyez le et allez en voir d’autres.
L’amour c’est génial et c’est probablement ce qui me rend le plus heureux, l’acharnement ça l’est beaucoup moins alors il est temps de stopper cette critique et de retourner dans les salles obscures me sacrifier pour vous autres lecteurs.
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Note : 0.5 sur 5.Avec Amour et Acharnement au cinéma le 31 août 2022.