[CRITIQUE] Arthur, Malédiction – La fatalité du subterfuge

Nous sommes en mars 2022, les salles se remplissent grâce à des films comme Doctor Strange in the Multiverse of Madness et Top Gun : Maverick, et ces lors d’une journée calme et paisible que l’on apprend, grâce à un court teaser en found-footage l’existence d’un projet gradé secret depuis l’été 2020. Il s’agit d’un long-métrage, imaginé par Luc Besson (qui écrit et produit), destiné à relancer EuropaCorp Distribution qui depuis quelques années coule sous les dettes. La stratégie est donc très simple, surfer sur l’éclatant succès des films d’horreur à petit budget (Aka Le Projet Blair Witch) en y ajoutant une fibre nostalgique, ici l’univers d’Arthur et les Minimoys. Une série de films d’animation contestables mais qui est devenue culte pour la jeune génération de l’époque (et moi), souvent critiquée pour de mauvaises raisons. Arthur, Malédiction est donc l’ultime baroud d’honneur pour la société de production. Malheureusement, Luc “Gepetto” Besson est devenu analphabète et son pantin, le réalisateur Barthélemy Grossmann, est quant à lui souffrant d’agueusie.

Arthur, Malédiction commence avec une bande d’enfants qui découvre, lors d’une soirée d’anniversaire, le film préféré de leur pote Alex : Arthur et les Minimoys. C’est alors que l’on presse (déjà!) beaucoup de naïveté et l’égocentrisme de tonton Luc enchainant scènes du film d’origine et acclamations infantiles. Certaines sous intrigues s’immisce dont une romance simili Roméo & Juliette (clin d’oeil, clin d’oeil) et quelques micros-rivalités. C’est après une scène de couché où le jeune Alex va exprimer le vœu de devenir un Minimoys à l’avenir que nous avançons 10 ans après. Alex a maintenant 18 ans, c’est son anniversaire. Ses amis (toujours les mêmes) se succèdent pour lui offrir divers cadeaux, exclusivement des produits dérivés des films Arthur et les Minimoys. Si Luc Besson croit à son personnage et à son fanatisme (qui fait presque peur), nous le jugeons. Cela dit, ça peut arriver. Pourquoi pas. L’autre faute de goût de tonton Luc est d’introduire Thalia Besson (sa fille) en costume de princesse Selenia, le personnage doublé par Mylène Farmer dans le film d’origine. Un personnage qui a perturbé beaucoup de spectateurs car trop sexualisé pour les enfants. Avec les diverses affaires autour de Luc Besson, le voir sexualiser sa fille (qui avait à peine 18 ans lors du tournage) à ce point, ça fait légitimement grincer. Après avoir découvert les joies du marketing et du capitalisme, Alex découvre que la maison d’Arthur ne se situe pas dans une campagne reculée du Connecticut mais bien en France. En province, comme le disent les Parisiens. C’est sur un coup de tête et pour sustenter le fanatisme d’Alex qu’ils décident de partir passer un week-end d’urbex chez les provinciaux, dans la maison abandonnée depuis le tournage du troisième film. Les ennuis commencent donc, le film aussi.

Sachez tout d’abord qu’Arthur, Malédiction n’est pas un found-footage comme pouvait le laisser présager les bandes-annonces. Barthélemy Grossmann aurait peut-être dû opter pour ce format. Dans le found-footage, le hors-champ et l’instinctivité des acteurs jouent des rôles très importants pour générer de la frayeur et de l’angoisse. Le spectateur crée ses propres cauchemars, imagine la mythologie qui entoure l’histoire. Ici, Grossmann décide de tout montrer. Au point où même lors d’une scène de rêve, il nous dévoile sa fin et ses conséquences. La surprise dans le scénario n’est plus. Or, le spectateur lui (et c’est là que le film devient absolument grandiose) peut attendre d’autres surprises : les problèmes de cohérences hallucinantes, les absurdes facilités (dans un champ de X hectares, un personnage trouve un téléphone au bout de son jet d’urine) (oui…), les lunaires réactions des personnages, etc. L’entièreté de l’écriture est à jeter. Pour citer un autre exemple, les personnages vont vivre ou croiser ce qui paraît être du surnaturel, néanmoins, à aucun moment ils vont se poser des questions. Ça arrive, ils réagissent, ils oublient. Il y a beaucoup de morts dans ce groupe d’amis âgés de plus de 10 ans, tous les personnages encore vivants s’en foutent. L’incompréhensible devient de l’incompétence. Grossmann n’est pas à exclure, suffit de subir ses effets MTV et de découvrir son Malthazar pour questionner le néant.

En soi, Arthur, Malédiction ne se conseille pas et ne peut s’acheter. C’est un long-métrage qui ne peut se savourer qu’avec des amis alcoolisés, pour en rire, se moquer et encore… C’est un produit qui n’existe que par l’appât du gain, un long-métrage pervers et abject qui ne mérite aucune sympathie malgré son ridicule, l’hilarité qui s’en dégage. Quand même les quatre euros de la fête du cinéma ne te méritent pas, c’est que le problème va au-delà.

Note : 0.5 sur 5.

Arthur, Malédiction au cinéma le 29 juin 2022

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