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[CRITIQUE] Angelo dans la forêt mystérieuse – Trans-Animation

Le cinéma d’animation français a encore de beaux jours devant lui, grâce à l’émergence de talents prometteurs. En particulier, Vincent Paronnaud et Alexis Ducord, originellement dessinateurs de bandes dessinées, nous offrent Angelo dans la forêt mystérieuse, un long métrage d’animation qui célèbre l’imagination avec une grâce inouïe. D’une durée d’une heure et vingt minutes, nous suivons les aventures d’Angelo, un enfant à l’imagination débordante et incontrôlable, mise en scène dès les premières minutes où il transforme son petit-déjeuner en un film d’aventure : ses parents deviennent des personnages caricaturaux (son frère est un antagoniste hommage à Frankenstein, composé de tous les morceaux d’abrutis possibles) et le lait versé dans son verre se mue en cascade majestueuse pour faire avancer son archétype à la Indiana Jones.

Visuellement, le film s’inspire de l’esthétique des romans graphiques et de la bande dessinée originale, tout en adoptant une animation 3D d’une netteté rafraîchissante. Dès l’introduction, les variations d’animation séduisent par leur ambition et leurs transitions simples mais efficaces. L’intrigue nous entraîne alors qu’Angelo et sa famille partent en voyage dans l’espoir de voir une dernière fois sa grand-mère gravement malade. Lors d’une pause sur une aire d’autoroute entourée de forêt, ses parents distraits oublient Angelo. Seul dans cette forêt mystérieuse, il découvre un univers décalé peuplé de personnages singuliers. Chaque rencontre est l’occasion de changer de style d’animation, allant de l’esthétique rétro de CupHead à des animations pixelisées rappelant les jeux vidéo, ou encore des styles 3D étendus à la manière de Disney. Chaque personnage apporte une touche unique et nous transporte dans des univers différents au sein même du film.

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Sans vouloir énumérer toutes les rencontres, l’une des plus marquantes est celle avec un écureuil déguisé en oiseau, doublé par Philippe Katerine. Son histoire, de plus en plus étonnante, ambitieuse et nécessaire, révèle ses rêves profonds : l’écureuil a toujours souhaité devenir un oiseau, tout comme un garçon peut rêver d’être une fille. Il raconte son affrontement avec l’intolérance de ses parents, qui lui disent : “les écureuils ne volent pas, ils grimpent aux arbres. Tu as des pattes, mais pas d’ailes“, tout comme dans notre réalité certains disent : “Tu as un pénis, tu ne peux pas avoir de vagin“. Bien que cette séquence ne dure que deux minutes, elle aborde avec brio des sujets essentiels et contemporains, permettant à des enfants de se reconnaître dans les désirs de cet écureuil.

Ce jeune spectateur peut subir l’influence des médias omniprésents et anxiogènes, tels que CNews et BFMTV, diffusés en continu chez lui. Le fait de pouvoir entendre une perspective différente, dans un film qui lui est destiné, est une véritable bouffée d’air frais. On sent que les auteurs de ce film veulent transmettre des valeurs positives de manière sincère et efficace. Ce ne sont pas les seuls sujets explorés : le réchauffement climatique, le pouvoir mégalomaniaque d’un président, et même la maladie sont traités, tous avec la même justesse que celui sur la transidentité.

Bien que Angelo dans la forêt mystérieuse ne révolutionne peut-être pas le monde de l’animation, il mérite d’être salué pour la profondeur de ses sujets et sa capacité à faire réfléchir petits et grands. Il se distingue des productions des grandes sociétés capitalistes souvent marquées par une hypocrisie dans leur communication. Bravo à cette équipe qui, à travers cette œuvre, prouve qu’il est possible de créer des films d’animation à la fois divertissants et porteurs de valeurs essentielles.

Angelo dans la forêt mystérieuse de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord, 1h21, avec Philippe Katerine, José Garcia, Yolande Moreau – Au cinéma le 23 octobre 2024.

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