48ᵉ FESTIVAL DE DEAUVILLE (2022)

[CRITIQUE] Alice – Aux pays des panthers

Il s’agit d’une critique sans spoiler (ou presque) du premier long métrage de la scénariste et réalisatrice Krystin Ver Linden, Alice. Ce qui est délicat, car le degré de plaisir que l’on éprouve à regarder le film dépend de la façon dont on réagit à ce qui se passe au bout de 39 minutes. Ver Linden commence ce drame « inspiré d’événements réels » avec le personnage-titre, joué par Keke Palmer, qui épouse Joseph (Gaius Charles) dans un quartier d’esclaves, dans une plantation de Géorgie, au cours d’une année inconnue, quelque temps avant la guerre civile. Le sermon récite soigneusement leurs vœux : « … dans la maladie et dans la santé, jusqu’à ce que la distance vous sépare. » Le message clair est que leur choix de se marier est sévèrement limité par leur situation d’esclaves.

Le propriétaire de la plantation, Paul Bennett (joué par Jonny Lee Miller), traite cruellement la population noire de cette plantation. À un moment donné, il fouette sauvagement Joseph pour une violation minime du règlement. Plus tard, lorsque Joseph se bat contre Aaron (Craig Stark), le contremaître de Bennett, puis tente de s’échapper, il est ramené presque mort. Cela pousse Alice à prendre la décision d’essayer de s’échapper elle aussi. Cela nous amène à ces 39 minutes. Que se passe-t-il ensuite ? Je vais dire ceci : Common apparaît comme un personnage important, et le look de la dernière heure doit moins à une stricte exactitude historique qu’aux films de blaxploitation et, plus particulièrement, à Pam Grier.

L’éducation et la consommation de la culture noire par Alice sont saisies à travers différents médias de la culture pop : dans des magazines comme Ebony et Rolling Stone, Stevie Wonder et Nina Simone, et à la télévision comme Sanford & Son et Black Panther news. Et puis, tous les chemins mènent au moment le plus important de la transformation d’Alice : aller au cinéma pour voir le classique emblématique Coffy de Pam Grier, le moment singulier qui fait passer le film du film d’esclavage au film de voyage dans le temps, puis à une fin de Blaxploitation sauvage (pensez à Django Unchained qui rencontre Retour vers le futur).

Je dirai également que le film de Ver Linden est un vrai bijou, avec des images fortes et une partition sonore dynamique (à laquelle Common a contribué). De plus, Palmer offre une performance féroce et émotionnellement fondée dans le rôle d’Alice, dont l’impuissance et la peur se transforment en rage et en pouvoir. Et cet événement à la 39e minute d' »Alice » ? Les gens vont soit aimer, soit détester. J’ai adoré, et j’ai été impressionné par le talent de Ver Linden pour nous tenir en haleine.

Alice est toujours une nouvelle histoire fraîche et une vision intéressante venant d’une cinéaste débutante, dont l’idée et les concepts doivent être célébrés.

Note : 3.5 sur 5.

Alice en première à la 48e édition du festival du cinéma américain de Deauville.

En VOD le 26 septembre 2022.

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Louan Nivesse

Rédacteur chef.

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