[CRITIQUE] 1-800-Hot-Nite – Pas niquer au bout du fil

Il existe des premiers films qui se distinguent des autres. Présenté en compétition lors du 48e Festival de Deauville, 1-800-Hot-Nite ne parvient guère à se démarquer de la masse. Il incarne l’archétype même du long-métrage indépendant américain, conçu avec des moyens modestes, utilisant une caméra embarquée souvent perdue dans l’action et les regards. Le réalisateur et scénariste, Nick Richey, semble avoir puisé son inspiration dans Euphoria. Nous nous en réjouissons pour lui. Cependant, ces influences ne parviennent que peu à atténuer les multiples fautes de goût qui émaillent ce récit prévisible et trop banal.

Ce qui commence comme une comédie entre amis évolue progressivement vers un film de tonalité plus dramatique. L’authenticité semble être une valeur cardinale pour Richey, qui ne ménage ni la grossièreté ni la violence dans le monde de Tommy, O’Neill et Steve. Les premiers baisers, les fantasmes sexuels et les actes criminels y sont tout autant présents. L’innocence caractérise chacun des personnages de 1-800-Hot-Nite, mais cela ne signifie pas que le film soit dénué de finesse dans sa représentation du monde de Tommy et du déroulement de la nuit. Les événements y sont aléatoires, désespérés et trop souvent excessifs.

Le premier regret qui me vient à l’esprit, lorsque je revis les vingt premières minutes du film, réside dans l’absence totale de direction claire et de fil conducteur pour le spectateur. Nous sommes brusquement plongés dans une scène d’introduction qui établit un contexte clair, simple et humoristique : trois enfants découvrent et appellent un numéro de téléphone coquin. Cependant, une fois cette scène terminée, nous sommes précipités abruptement dans la relation d’amitié entre ces trois enfants, en particulier les péripéties de Tommy (Dallas Dupree Young), contraint de fuir la police et les services sociaux après l’arrestation de son père pour trafic de stupéfiants, afin de vivre et de partager des moments avec ses amis. Ainsi, le téléphone rose mentionné dans l’introduction, suggéré par le titre, est rapidement oublié, remplacé par une série d’aventures enflées, telles que les menaces d’agression armée et de serpent par des individus peu recommandables. La photographie signée Nathan Presley reste satisfaisante, évoquant par moments Euphoria ou le remarquable Waves de Trey Edward Shults, mais elle demeure sombre et brumeuse. “1-800-Hot-Nite” fonctionne comme comédie lors de ses débuts, grâce à l’alchimie et au talent des jeunes acteurs qui semblent parfaitement à leur place. Dallas Young, Gerrison Machado et Mylen Bradford sont impressionnants dans leurs rôles respectifs. Leur alchimie perdure tout au long du film, jusqu’à ce qu’il prenne un tournant plus terre à terre et que la morale soit enfin exposée. Malheureusement, à partir de ce moment, Nick Richey s’égare dans un tourbillon d’idées.

Le troisième acte de 1-800-Hot-Nite se précipite encore davantage, mais son message de tolérance demeure poignant, même s’il ne justifie pas la trajectoire initiale de Tommy. Cette femme à l’autre bout du fil finit par devenir le lien de Tommy avec le monde réel, et leur conversation devient essentielle pour tenter de saisir l’intention de Richey avec ce film.

1-800-Hot-Nite de Nick Richey, 1h36, avec Dallas Young, Gerrison Machado, Mylen Bradford – Disponible en VOD

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