48ᵉ FESTIVAL DE DEAUVILLE (2022)

[CRITIQUE] 1-800-Hot-Nite – Pas niquer au bout du fil

Il y a des premiers films qui se démarquent d’autres. Film en compétition au 48e festival de Deauville, 1-800-Hot-Nite ne parvient pas à se démarquer de la masse. Il est l’archétype même du long-métrage indépendant américain, fabriqué avec deux francs six sous, avec une caméra embarquée et souvent perdue dans l’action, les regards. Nick Richey, réalisateur et scénariste, a vu Euphoria. On est content pour lui, néanmoins, ce n’est pas ces inspirations qui nous ferons, un tantinet, oublier les diverses fautes de goût de son coming-of-âge prévisible et trop commun.

Ce qui commence comme une comédie de copains évolue vers un film plus dramatique. Le ton n’est jamais adapté à un public plus jeune et l’authenticité semble être une norme pour Richey. La grossièreté et la violence sont normalisées dans le monde de Tommy, O’Neill et Steve. Mais les premiers baisers, les fantasmes sexuels et le crime le sont tout autant. L’innocence fait partie de chaque personnage de 1-800-Hot-Nite, mais cela ne signifie pas que le film est naïf lorsqu’il dépeint le monde de Tommy et le déroulement de la nuit. Les événements sont aléatoires, désespérés et trop souvent boursouflé.

Le premier regret qui me vient en tête dès lors que je repense aux vingt premières minutes, c’est l’absence totale de direction et de fil rouge clair pour le spectateur. Nous sommes directement plongés dans une scène d’introduction qui pose un contexte clair, simple et drôle : trois enfants découvrent et appellent le téléphone rose. Néanmoins, dès lors que celle-ci se termine, nous allons brusquement plonger dans la relation d’amitié entre ces trois enfants et notamment les péripéties de Tommy (Dallas Dupree Young) qui va devoir fuir la police et des services sociaux après l’arrestation de son père pour trafic de stupéfiants, pour rester vivre et profiter avec ses amis. Ainsi, le téléphone rose de l’introduction et suggéré dans le titre est oublié ou du moins écarté par de multiples aventures pompeuses – Tommy va se voir menacé d’avance, d’un flingue et d’un serpent par des rednecks par exemple. La photographie de Nathan Pres­ley reste satisfaisante, proche d’Euphoria ou de l’excellent Waves de Trey Edward Shults, cependant elle reste sombre et brumeuse. 1-800-Hot-Nite est une comédie qui fonctionne quand il commence. C’est grâce à l’alchimie et aux talents de jeunes interprètes qui semblent naturels pour ce travail. Dallas Young, Gerrison Machado et Mylen Bradford sont impressionnants dans ce qu’ils font. Leur alchimie se maintient tout au long du film lorsqu’il atterrit dans un cadre plus terre à terre et que la morale est enfin énoncée. Dommage qu’à partir de ce moment là, Nick Richey s’engouffre lui-même dans son tourbillon d’idées.

Le troisième acte de 1-800-Hot-Nite est encore plus précipité, mais son message de tolérance est vif, même s’il ne cautionne pas la poursuite initiale de Tommy. Cette femme à l’autre bout du fil finit par être le lien de Tommy avec le monde réel, et une conversation entre eux est essentielle pour essayer de comprendre l’intention de Richey avec ce film.

Note : 1.5 sur 5.

1-800-Hot-Nite présenté en compétition de la 48e édition du festival du cinéma américain de Deauville

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Louan Nivesse

Rédacteur chef.

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