Moi, moche et méchant 4 s’affiche comme une tentative désespérée d’exploiter une franchise familiale, rappelant une vache à lait pressée jusqu’à la dernière goutte. Le film s’ouvre sur Gru, toujours incarné par la voix de Gad Elmaleh, embarqué dans une nouvelle aventure rocambolesque. Après avoir capturé l’insaisissable Maxime Le Mal (Alex Lutz), il aspire à une tranquillité familiale. Cependant, l’intrigue, tel un mirage, se dissipe rapidement en pitreries incohérentes. Les personnages sont négligés, et même les enfants adoptés de Gru disparaissent de l’écran. Seule Poppy, une nouvelle venue ambitieuse, apporte une lueur d’intérêt en manipulant Gru pour devenir méchante. Ce segment, rare moment de profondeur, tranche avec le reste du film, qui n’est qu’une succession de sketches décousus. Les autres personnages, y compris Lucy Wilde, l’épouse de Gru, sont relégués à des rôles insignifiants. Les emprunts et références à diverses œuvres du cinéma d’espionnage et de science-fiction, allant des 4 Fantastiques au troisième volet de Terminator, sans oublier les insectes de Men in Black, semblent forcés et dépourvus de tout esprit parodique. Cette déception s’inscrit dans une politique de suites strictement commerciales, à l’instar de Kung-Fu Panda 4 ou Vice-Versa 2 – quelle triste image pour le cinéma d’animation…
Sur le plan comique, Moi, moche et méchant 4 est une déception monumentale, évoquant une intervention chirurgicale douloureuse sans anesthésie. Même les Minions, habituellement adorés, ne parviennent pas à sauver ce naufrage. Leur présence semble uniquement destinée à préparer un spin-off lucratif. Malgré une animation impeccable, le film n’est qu’un divertissement creux et vite oubliable. Les parents, désabusés, compteront les minutes, espérant la fin de cette épreuve narrative. Ce quatrième opus se présente comme une coquille vide, illustration parfaite de la surexploitation d’une franchise autrefois charmante. Il exhale un cynisme flagrant, visant à attirer les spectateurs pour les dépouiller de leur argent sans offrir une véritable histoire en retour. En somme, c’est une succession de sketches sans âme, conçus pour remplir les poches des producteurs. Les rares moments intéressants, tels que le segment avec Poppy, ne suffisent pas à le sauver de la médiocrité. Une animation superbe ne peut masquer le vide scénaristique et les performances inégales des acteurs. Les enfants riront peut-être, mais leurs parents sortiront de la salle avec le sentiment amer d’avoir perdu 94 précieuses minutes de leur vie.
Moi, Moche et Méchant 4 de Patrick Delage et Chris Renaud, 1h34, avec Gad Elmaleh, Audrey Lamy, Alex Lutz – Au cinéma le 10 juillet 2024