Rappelez-vous de cette (fausse) affaire, en juin dernier, où le couple de députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière s’est vu accusé d’exploiter une femme de ménage Algérienne sans papiers. Une accusation erronée, qui a été démentie et retirée quelques jours plus tard mais qui a soulevé un problème récurrent et maintenant débattu au sein de l’Assemblée. Les Femmes du square de Julien Rambaldi arrive donc à point nommé au sein du débat, avec une ponctualité exemplaire. Alors certes, nous ne suivons pas des femmes de ménage mais bel et bien des nounous, néanmoins, le problème de l’exploitation des employé·es (souvent sans papiers) reste le même.
Ici, Angèle (Eye Haïdara), jeune femme ivoirienne, s’en est toujours sortie grâce à sa tchatche et à son culot. Pour s’éviter les représailles d’une bande de malfrats, elle parvient à se faire embaucher comme nounou d’Arthur (Vidal Arzoni), un garçon de 8 ans des beaux quartiers. En découvrant les conditions de travail des autres nounous et leur précarité, Angèle décide de prendre les choses en mains. Sous l’œil admiratif d’Arthur et avec l’aide d’Édouard (Ahmed Sylla), jeune avocat qui ne tarde pas à tomber sous son charme, Angèle va alors se battre pour rendre justice…
Ainsi, dans l’écriture de son récit, Les Femmes du square n’a rien de novateur. Le fil rouge, comme toutes comédies françaises populaires, est entremêlé de péripéties amoureuses ou légèrement misérabilistes, entrecoupées de dettes, de milieux difficiles ou d’illégalités – des filouteries, comme le dirait Arthur -, ce n’est pas un souci majeur, cependant, le déroulé de l’intrigue semble encore et toujours trop prévisible. Nonobstant, il n’est pas dénué d’intelligence dans ce qu’il veut transmettre. Effectivement, le message politique est honnête et les inégalités que vivent ces personnes sont claires, poignantes et réveille ces questions auxquelles nous devons vite répondre. Surtout que, même si certaines sous-intrigues aurait pu être évités, le long-métrage est décomplexé.
Julien Rambaldi traite son sujet avec sérieux mais ne délaisse pas le rire pour autant. Soutenu par une Eye Haïdara aux multiples casquettes et taillée pour ce rôle plus complexe qu’on ne peut le penser, Les Femmes du square coche toutes les cases de la bonne comédie dramatique, ce qui le rend divertissant et indéniablement sympathique. Notons aussi la performance d’Ahmed Sylla, dans un rôle plus sérieux qu’à l’accoutumée qui lui va comme un gant, une présence toujours bienvenue de la charismatique Léa Drucker mais surtout un Vidal Arzoni qui, pour son jeune âge, est absolument charmant.
D’une façon surprenante, Les Femmes du square s’avère être une comédie divertissante et importante sur les diverses dérives de l’emploi à domicile. Dans un paysage populaire français trop lisse et qui reste toujours flou sur ses positions politiques, le long-métrage de Julien Rambaldi rayonne – Eye Haïdara aussi.
⭐⭐⭐
Note : 3 sur 5.Les Femmes du square au cinéma le 16 novembre 2022.