Wallace Shawn, qui s’est illustré dans le chef-d’œuvre de Louis Malle, My Dinner With Andre (1981), tient le premier rôle dans Rifkin’s Festival de Woody Allen, une comédie où l’on trouve des éléments propices à la confession et de demandes personnelles. En comparaison avec les œuvres récentes d’Allen, je dois admettre que celle-ci présente quelque chose de plus pour la tirer légèrement au-dessus de la moyenne. Mais cela ne veut pas dire qu’elle est exempte de clichés.
L’histoire se déroule dans la ville espagnole de Saint-Sébastien, à l’occasion de son festival du film, et suit Mort Rifkin (Shawn, dans sa sixième collaboration avec Allen), un écrivain raté et professeur de cinéma satisfait, ignoré par sa femme, Sue (Gina Gershon), qui est obsédée par un cinéaste français prétentieux et narcissique (Louis Garrel). Le solitaire Mort est assailli par des rêves étranges, un large éventail d’angoisses et des conversations imaginaires avec sa famille et des personnes de son passé. Ses peurs intérieures prennent la forme de douleurs thoraciques inconfortables qui disparaissent soudainement après qu’il ait consulté le docteur Jo Rojas (Elena Anaya).
Rifkin’s Festival compte comme une opportunité de spectacle pour Wallace Shawn. Cet acteur de second rôle prolifique, tant sur scène qu’à l’écran, a été sous-utilisé comme acteur principal pendant des années. Sa moxie de vétéran rusé convient pour être le réceptacle du rythme de tergiversations verbales de Woody Allen. Il s’agit du sixième film de Wallace consacré à Woody Allen, ce dont il parle très ouvertement, surtout si l’on considère la position très douteuse du cinéaste dans l’industrie et le public. L’homme a ses raisons qui, pour beaucoup, seront difficiles à respecter pleinement. Néanmoins, Wallace Shawn tire le meilleur parti de ce film brouillon.
Shawn a un court monologue dans lequel il dénonce les gens qui “échangent des opinions triviales et des insincérités stupides“. Il pense qu’il s’agit d’une réplique qu’un homme important lâcherait pour faire tomber une fille à ses pieds. C’est en effet une réplique cool, si le film lui-même l’a réellement jouée. Les écarts d’âge grotesques de tous les acteurs romantiques impliqués mettent à rude épreuve le public le plus tolérant. De plus, le comportement désinvolte de tous les acteurs renforce le goût pédant et hautain du Rifkin’s Festival, qui tente d’inventer sa propre rêverie vide de toute substance. Allen peint des rêves et des flashbacks en noir et blanc ainsi que des reconstitutions fragmentées de classiques européens (son hommage à Bergman, Godard, Truffaut, Fellini et Buñuel) qui sont habilement intégrés à l’intrigue.
Il ne fait aucun doute que certains points de l’intrigue ne s’accordent pas avec une histoire qui est bien celle d’Allen. Pourtant, il s’en sort avec ce melting-pot de cinéma contemporain et classique qui est aussi inoffensif que chaleureux.
⭐⭐⭐
Note : 3 sur 5.Rifkin’s Festival au cinéma le 13 juillet 2022