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[CRITIQUE] Midnight Silence – Poursuite infernale

Un tueur en série psychopathe lâché dans les ruelles désertes de Séoul en pleine nuit, recherchant de nouvelles proies, tombe nez à nez avec une jeune femme sourde-muette qui lui donnera du fil à retordre. Sympathique programme, surtout quand on connaît la capacité du cinéma sud-coréen à proposer des thrillers particulièrement convaincants depuis le début du siècle. Celui-ci ne déroge pas à la règle et se montre d’une efficacité redoutable, même en tant que premier long-métrage de son réalisateur et scénariste Kwon Oh-seung. On sent qu’il a beaucoup apprécié The Chaser, l’impressionnant thriller de Na Hong-jin, s’en inspirant pour le sadisme du tueur, mais surtout pour ces courses-poursuites dans les hauteurs de Séoul et ces rues sombres en pente.

Un danger que l’on ne peut entendre

Wi Ha-jun, que l’on a récemment vu s’illustrer en tant que jeune policier infiltré dans le diabolique Squid Game, incarne ici un psychopathe d’une grande perversité, à l’opposé donc de son rôle dans la série à succès. Il brille ici par son langage corporel et les expressions faciales changeantes de son personnage, lorsqu’il est contraint de « jouer la comédie » afin de tromper des agents de police ou des passants. Cela rend certaines scènes de tension très savoureuses, puisqu’il joue tellement bien qu’il arrive à se sortir de situations très compliquées, mais il faut noter qu’il a l’avantage par rapport à ses victimes d’avoir la possibilité de parler. En effet, le mutisme (et la surdité) de Kyung-mi et sa mère les désavantage fortement puisque même lorsqu’elles arrivent à trouver de l’aide, elles ne parviennent pas toujours à se faire comprendre parfaitement, encore moins dans le feu de l’action, et leur handicap est parfois utilisé comme moyen de décrédibilisation de leur détresse. Face à la police mais aussi à la foule lorsque leur chemin les mène en plein centre-ville de Séoul. Un sentiment d’invisibilisation terrible, surtout qu’il est question de vie ou de mort. Cependant, la force de leur lien et leur compréhension mutuelle équilibre un peu la situation. 

Si l’on est parfois tenté de trouver certaines ficelles un peu grosses, et que la suspension consentie d’incrédulité manque d’être mise à mal à plusieurs reprises, il faut reconnaître que le premier film de Kwon Oh-Seung est un thriller féroce, doté d’une tension quasi permanente, et qui parvient par instants à émouvoir, grâce aux personnages très bien incarnés. Même s’il ne renouvelle pas le genre, notamment dû à ses similitudes avec The Chaser, son exécution reste très efficace et en fait un des thrillers coréens les plus prenants de ces dernières années. Un cinéaste à suivre !

Note : 4 sur 5.

Avis de la rédaction :

Louan N.

Midnight Silence est un exemple exceptionnel de la façon dont on peut prendre quelque chose de trop familier et le rendre frais en créant simplement des personnages auxquels on peut s’identifier au lieu des caricatures habituelles ou des victimes habituelles des films d’horreur. L’intensité claustrophobe et le sentiment de frustration créés par les acteurs et le réalisateur sont tels que l’on remarque à peine que Do Shik aurait dû facilement rattraper Kyung Mi, car il court clairement plus vite qu’elle pendant la majeure partie de la poursuite principale, mais cela n’a pas d’importance car le film se termine par l’une des fins les plus satisfaisantes d’un film d’horreur/thriller depuis longtemps, surtout après un début aussi excitant. L’un des thrillers les plus captivants, angoissants et brillants de ces derniers temps.

Note : 3.5 sur 5.

Midnight Silence en VOD, DVD et Blu-ray le 11 mai 2022.

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