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[CRITIQUE] Hit The Road – « Tel père, tel fils »

Panah Panahi, le fils du célèbre réalisateur iranien Jafar Panahi. Après avoir obtenu son diplôme de l’Université d’art de Téhéran, Panahi a d’abord travaillé comme assistant opérateur et réalisateur sur de petites productions, où il a ensuite collaboré avec son père dans différents rôles de consultation et de rédaction.

Avec Hit The Road, fruit d’années de détermination et de travail acharné, Panahi junior s’est enfin libéré de l’étiquette condamnée qui lui avait été prescrite à la naissance. Son premier long métrage est une comédie sans faille, mêlant parfaitement le sans but et le sincère dans une sorte de carnet de voyage toujours amusant. Ses paysages poussiéreux et ses plaisanteries incessantes créent des liens uniques entre chacun des membres archétypaux de la famille qui y figurent : un père frénétique à la jambe cassée, une mère au cœur brisé, un jeune enfant insolent et le fils aîné ambivalent qui se réunit pour un dernier voyage en voiture avant que le fils aîné ne quitte le pays, recherché pour de mystérieux crimes contre l’État. Sur le papier, ces quatre rôles clés semblent assez simplement esquissés sans le contexte politique requis, et pourtant, un noyau thématique plus détaillé est présent au cœur du film.

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Rien n’est directement révélé sur les actions du frère aîné dans le film, mais on peut interpréter une certaine projection de la relation entre Panahi et son père à travers ce rôle singulier. Ces dernières années, Jafar Panahi a été qualifié de traître à l’État iranien, emprisonné à plusieurs reprises et désormais interdit de tournage. D’une certaine manière, la personnalité timide du frère est une représentation tranquille de la relation entre les Panahi. Hit the Road présente ses personnages comme des archétypes de réflexion, attestant que le cinéma est un acte de pardon et de compréhension. Il s’agit d’un film purement confessionnel qui exprime les craintes et les angoisses d’un traumatisme multigénérationnel face à un État qui manifeste fréquemment son mécontentement à l’égard de la liberté d’expression. La famille de Panahi à l’écran est une famille en exil, et le cinéma est le pont qui permet de renouer avec la société. Et donc, en fin de compte, c’est peut-être le supposé népotisme qui apporte en fait quelque chose de profond à la table.

Même avec sa structure narrative légère, Hit The Road renferme un noyau palpitant et volontaire, dont la dépendance réduite aux enjeux élevés ou même aux conflits laisse la place au sous-texte autoprojeté qui alimente ses rythmes émotionnels. Pour dire les choses simplement, l’expression « tel père, tel fils » n’a jamais été aussi attachante.

Note : 4 sur 5.

Hit The Road au cinéma le 27 avril 2022