Rechercher

[CRITIQUE] Le Roi Cerf – Retranscription Cer(f)tifiée

La série de romans fantastiques écrite par Nahoko Uehashi, Le Roi Cerf, est portée à la vie par Production I.G, la société de production à l’origine de Ghost In The Shell. Une maladie mortelle, la maladie du loup noir, sévit dans un pays récemment ravagé par la guerre. Il y a deux peuples principaux, l’empire zolien et les Aquafais, et pour une raison quelconque, cette maladie ne touche que Zol. Nous suivons l’histoire de la survie de deux des seules personnes à avoir survécu à la maladie : l’ancien soldat Van et une petite fille nommée Yuna.

Le Roi Cerf est une histoire de survie, mais aussi d’intrigue politique. Le parcours de Van, qui passe du statut de vaillant guerrier à celui d’esclave, puis retourne dans le monde en tant que survivant s’occupant de la petite fille, est incroyablement captivant. Mais le côté politique des choses n’est pas en reste. Il y a des couches chez les Aquafais et les Zol, pas seulement une hiérarchie mais aussi une certaine façon d’interagir, certaines attentes du public. Le monde est riche et plein, et suivre l’ascension de Van dans ce monde fait vraiment vibrer les cordes sensibles. On pense que Van, qui a survécu à l’assaut de ces chiens surnaturels, possède la clé pour guérir la « maladie » qui se répand dans les terres et qui a anéanti une grande partie de la population. Hossal, le médecin expert chargé de recenser les personnes décédées de la maladie maudite connue sous le nom de « mittsual« , ainsi que Sae, un pisteur envoyé pour traquer Van, finissent par s’associer à lui pour chercher des réponses. Les tentatives d’Hossal pour trouver un remède, ainsi que son analyse de la malédiction en termes médicaux, apportent un éclairage intéressant. L’idée que les maladies ne touchent que certains pays ou peuples a des racines historiques, certaines nations croyant que la peste noire n’affecterait pas leur population. C’est là que les choses commencent, mais le fait de découvrir que la malédiction est d’origine surnaturelle plutôt que médicale ébranle les fidèles.

Prince Cerf Mononoké

Il y a des mystères centraux pour lesquels le public dispose de suffisamment d’indices pour les élucider et le fait bien avant les personnages qu’ils contrarient. Il y a des révélations qui semblent venir de nulle part. Il y a dans le montage et d’autres moments des éléments répétés jusqu’à ce que leur subtilité soit perdue. Le fait que le rythme soit parfois lent et épisodique peut suggérer que le film n’a pas été conçu comme un long métrage unique mais comme une série, mais cela peut aussi venir du fait qu’il a été adapté d’une série et non d’un roman unique. Ou, du moins, d’une œuvre en deux (ou quatre) parties et non en une seule. L’adaptation n’est pas facile, la traduction l’est moins. Sous-titré et non doublé, comme on lit mais pas comme on entend, les problèmes ne sont pas dans le ton ou le texte mais dans le temps. Sur une toile plus étendue, il pourrait avoir le temps de nouer les fils aux deux bouts, plutôt que leur apparition soudaine. Pourtant, en tant qu’œuvre plus grande, elle serait probablement contrainte à un écran plus petit, et ce sont des paysages qui enveloppent et embrassent. Le Roi Cerf, réussit peut-être ce qu’il entreprend, à savoir raconter une histoire qui semble incroyable. Le fait qu’il ressemble à un rideau pour le récit qui le sous-tend est une question d’adaptation, mais pas une question d’ambition.

J’ai envie d’en savoir plus sur Le Roi Cerf, de plonger plus profondément dans ce monde et de voir où les chemins de chaque personnage les mènent. Les différents paysages et cultures, toutes les petites villes et les magnifiques forêts et prairies que le film nous fait traverser, ainsi que la faune prospère qui coexiste dans ces endroits, il est si facile de s’y plonger et de s’immerger. Je vois bien une suite à l’avenir, qui nous ferait découvrir davantage les romans dont il est tiré, et j’espère vraiment que nous pourrons profiter davantage de ce monde.

Note : 3 sur 5.

Avis de la rédaction :

Vincent P.

Le Roi Cerf, puisant une grande partie de ses inspirations visuelles dans Princesse Mononoké de Miyazaki, arrive à se démarquer mais peine à mettre en place de manière limpide son univers et ses enjeux dans son premier acte. Cependant, il se rattrape progressivement et propose un film d’aventure généreux, mettant en avant l’harmonie de la nature, mais aussi sa cruauté à travers un virus mortel porté par les loups, visant à protéger l’environnement de l’invasion de l’Empire Zol. De jolies fulgurances de mise en scène, dans ce premier long-métrage prometteur. Sympathique découverte.

Note : 3 sur 5.

Le Roi Cerf au cinéma le 4 mai 2022