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[CRITIQUE] Les Vedettes – La comédie qui sort “Pile, pile ? Poil !”

Difficile de se démarquer dans ce vaste monde qu’est la comédie française. Même si Grégoire Ludig, David Marsais et le réalisateur Jonathan Barré (le Palmashow) ont réussi à se créer une identité comique connue de tous avec leurs diverses propositions sur internet, ils ne sont malheureusement pas parvenus à sortir des sentiers battus avec leur premier film La Folle Histoire de Max et Léon. Ersatz de nos comédies passées plus qu’une véritable proposition originale., l’œuvre n’annonçait que du bon pour l’avenir de ce groupe de créateurs plein d’idées, néanmoins trop bercé par leurs références. Ainsi, presque 6 ans après (à cause de moult reports suite au COVID-19), le Palmashow revient avec Les Vedettes, une œuvre attendue, qui confirme le potentiel du groupe et qui surprend. 

Daniel et Stéphane travaillent dans la même grande surface, ils ont des problèmes d’argent, ils ne se supportent pas et c’est leur seul point commun. Daniel (Grégoire Ludig) est un homme d’une quarantaine d’années désabusé, un peu égocentrique, sanguinaire, mais aussi sensible. Stéphane (David Marsais) prend son travail très au sérieux, vit dans une bulle d’objets connectés, et rêve d’une promotion que leur patronne commune ne veut pas lui donner. Ils sont un peu inutiles, un peu moyens, perdus dans leurs illusions, ou prisonniers de leurs illusions perdues. Ils sont également en difficulté. Lorsque Daniel a découvert que Stéphane se souvenait de tous les prix des articles du catalogue de vente, il a décidé de le forcer à participer au jeu télévisé le Prix-À-Tout-Prix (parodie de l’émission Le Juste Prix, en somme). Depuis, le duo s’évertue à tout pour se rendre célèbre, guidé par la simplicité appuyée par un matériel audiovisuel malsain et cruel.

Je vous like (beaucoup).

Véritable ode à ces merveilleux marginaux ridiculisés par le grand public, ces deux hommes entraînent sans souci les téléspectateurs dans les histoires absurdes de personnes vivant leur vie la plus ordinaire avec toutes leurs personnalités un peu en retrait jusqu’au front. Néanmoins, malgré toute l’adversité, il révèle un formidable béguin pour les rêves ordinaires de gloire et de fortune… Ici, le Palmashow regorge encore le film de leurs références. Inspiré par nombre de ses pairs américains, notamment ceux des frères Farrelly (Dumb and Dumber), le nouveau travail de Jonathan Barré est moins ambitieux mais plus épanouissant que La Folle Histoire de Max et Léon. Le Palmashow propose une interprétation contemporaine des célébrités en explorant le domaine de la télévision, ce qui se passe sous leur contrôle et sur le plateau. C’est encourageant d’avoir ce genre de sous-texte dans une comédie française populaire, chose qu’on ne retrouve pas dans le récent Super-héros malgré lui qui, même s’il tient la route, n’évoque presque rien de pertinent. 

Le bon casting pour le meilleur de la comédie.

Les scènes de comédie se poursuivent sans interruption, et même si certaines d’entre elles sont un peu faibles, le rythme de l’histoire permet au duo de se reprendre promptement en offrant une aventure assez bien écrite dans l’ensemble. Tristement, certaines scènes ne sont pas aussi divertissantes qu’elles devraient l’être, en raison des fragilités des rôles secondaires. Mais ce que j’admire le plus dans Les Vedettes, c’est le magnifique travail de composition des deux comédiens qui incarnent ces deux personnages assez atypiques. Grégoire Ludig interprète Daniel, un chanteur raté qui tente lamentablement d’exister dans une société qui ne veut pas de lui, qui a toujours excellé en tant que personnage toujours numéro un sans regarder en arrière. David Marsais incarne un personnage naïf et égoïste, un amoureux de la technologie gêné, et avec Stéphane, forment une parfaite satire des échecs de notre époque. Le mariage des deux personnages est très bon, parce que face aux déboires du show-business, ils réfléchissent constamment et ne finissent jamais là où ils s’y attendaient.

Les Vedettes s’avère être la comédie de ce début d’année, une œuvre nostalgique et référencée qui va forcément ravir les fans du collectif mais également la famille, ceux qui ne connaissent pas le Palmashow. Le long-métrage reste néanmoins assez classique dans sa forme, pas aussi ambitieuse que le précédent film de Jonathan Barré. On peut dire qu’elle tombe “Pile, pile ? Poil !”, bientôt, vous serez chanteur. Un bon moment en salle.  

Note : 3 sur 5.

Les Vedettes au cinéma le 09 février 2022.