Il convient de reconnaître, bien que cela puisse sembler être une acclamation par la voie détournée, que le principal mérite de Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City réside dans son distingué éloignement des métrages de Paul W.S. Anderson. Après avoir enduré ces précédents films d’une qualité déplorable, l’on ne pouvait qu’éprouver une certaine appréhension à l’idée de se plonger à nouveau dans l’univers de Resident Evil. Certains de ces opus cinématographiques se hissent légitimement parmi les pires productions des dernières décennies. On pourrait asséner une pluie d’invectives à l’égard de ces films, mais il serait indécent de réveiller ces souvenirs désagréables. Étrangement, cependant, ces œuvres défaillantes ont ravivé l’intérêt pour la franchise, non pas par désir de revisiter le matériau source sur lequel s’appuyaient ces films, mais pour rappeler que l’essence même de la série est véritablement remarquable. Les jeux vidéo regorgent d’éléments d’horreur captivants, de personnages mémorables, de lieux emblématiques et d’épisodes d’action palpitants qui font cruellement défaut à cette déclinaison cinématographique, pareille à une arme biologique.
Cette relecture suscite l’intérêt pour plusieurs raisons. Il s’efforce de répondre aux critiques formulées à l’encontre de la saga dirigée par Paul W.S. Anderson. Ce nouvel opus se révèle plus authentique, restituant de manière plus précise et fidèle les trames narratives des deux premiers jeux, et mettant en scène les monstruosités chéries des fervents admirateurs. En tant que film d’action et d’horreur de basse facture, il se distingue, bien que cette assertion soit assortie de certaines réserves notables.
Chris Redfield et Claire Redfield se trouvent être frère et sœur, séparés par le destin. Chris réside à Raccoon City, autrefois sous la tutelle de la Corporation Umbrella, et officie désormais au sein de l’unité STARS du département de police. Pendant ce temps, Claire a quitté la ville pour mener une enquête sur Umbrella, récoltant des informations laissant entendre que la société pharmaceutique pourrait être mêlée à des agissements néfastes. Une épidémie virale éclate alors que Claire retrouve son frère. Cependant, ils se retrouvent séparés lorsque Chris est missionné pour investiguer le manoir Spencer, où la police soupçonne des anomalies, tandis que Claire se dirige vers le commissariat, bien que les raisons précises de sa démarche demeurent obscures. Quoi qu’il en soit, l’apparition de zombies, résultant du virus, plonge ces deux frère et sœur dans une lutte pour leur survie, tandis qu’ils tentent de quitter la ville avant l’aube, sous peine de se voir engloutis par l’anéantissement décrété par Umbrella. Pour ceux qui ont connaissance des deux premiers jeux Resident Evil ou qui y ont joué, le long-métrage ne réserve guère de surprises. Il s’agit, de manière ostensible, d’une adaptation “plan par plan” des jeux Resident Evil et Resident Evil 2. Des appréhensions avaient émergé parmi les fans avant la sortie du film, craignant qu’une tentative de condenser les intrigues des deux jeux en un seul film ne soit quelque peu excessive, ce qui s’avère effectivement être le cas. Jusqu’aux dix dernières minutes du métrage, les récits de Chris et de Claire demeurent distincts à tous égards, conférant ainsi au film un découpage assez disjoint. En tant qu’expérience liée à Umbrella, ce dispositif fonctionne, mais il s’avère peu esthétique, et l’on s’interroge sur l’origine de cette décision.
Toutefois, les décors demeurent fidèles aux jeux, ce qui constitue l’un des points forts du film. Bien qu’il soit aisément accessible aux néophytes, les fervents admirateurs découvriront de subtiles références et clins d’œil à d’autres opus de la série. Une attention particulière est portée à “Code Veronica”, et même des titres tels que Resident Evil 7 sont brièvement évoqués. Personnellement, j’ai grandement apprécié l’attention portée à Lisa Trevor, monstre adulé des fans, même si son utilisation demeure trop modeste dans le film. Ce type de récompense pour les aficionados, à mon sens, est des plus efficaces. Il ne s’agit pas tant de flatter la nostalgie que d’enrichir l’univers grâce à de subtils éléments narratifs, insufflés par un réalisateur qui témoigne d’un attachement indéniable à la série. Malheureusement, l’aspect le plus frustrant réside dans le peu de développement accordé aux personnages, qui demeurent étrangement uniformes. Chris, Claire, Jill Valentine, Leon S. Kennedy et Albert Wesker se fondent tous dans une même catégorie. Ils se méfient les uns des autres, font preuve de sarcasme, jurent abondamment et nourrissent une certaine amertume à l’égard de la plupart des individus rencontrés. Si la présence d’un tel personnage peut être bénéfique, la similitude de caractérisation entre les protagonistes principaux risque de les rendre tout bonnement antipathiques. Jusqu’où cette tendance peut-elle mener ? Brian Irons, qui dans les jeux incarne l’incarnation même de la monstruosité, s’avère probablement être le personnage le plus charmant du film. Cette constatation en dit long.
Pourtant, cet aspect sert d’une certaine manière la tonalité du film. Contrairement aux productions de Paul W.S. Anderson, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City se distingue par son atmosphère prenante, dépourvue de scènes d’action majeures. La première moitié du film s’évertue à instaurer un climat empreint d’effroi. L’impression qui se dégage est celle d’un imminent péril, appelé à s’intensifier au fil de l’avancée du récit. Si je m’abstiendrais de qualifier le film de terrifiant, il parvient à restituer une part de la tension propre aux premiers Resident Evil. Un exploit d’autant plus remarquable que le budget de production demeure relativement modeste. Estimé à environ 25 millions de dollars, le film parvient parfois à donner l’illusion d’un budget plus conséquent, mais il transparaît souvent les limites auxquelles les créateurs ont dû faire face. Le commissariat de police s’avère particulièrement impressionnant, et bien que le manoir Spencer présente une allure saisissante, son aspect bon marché et exigu contraste avec cette première impression. Le casting se veut réduit, ce qui pourrait fonctionner, mais force est de constater qu’il existe peu de zombies, et les quelques créatures spéciales nécessitant un recours à des effets spéciaux, tels que les Lickers et les chiens, se révèlent décevantes. Malgré tout, le film ne s’avère pas être un désastre complet. Une fois encore, je mesure mon jugement à l’aune des productions précédentes, mais il est crucial de reconnaître que la simple compétence constitue une aubaine pour cette franchise. Les films ont oscillé entre le médiocre et le calamiteux, ainsi voir un film qui, ressemble à un véritable film, est une réjouissance en soi. Je suis en fait surpris que le film ait obtenu une sortie en salles. Compte tenu du budget limité et du marketing peu soutenu, Sony a probablement choisi de le lancer pour évaluer sa rentabilité, sachant qu’il serait inévitablement éclipsé par les autres sorties majeures.
Il convient d’aborder les défauts du film avec une certaine honnêteté. Certains aspects du film semblent sous-exploités, probablement en raison de la fusion tronquée des deux scénarios et de la structure séparée des deux parties, ainsi que des caractères peu attachants. Les acteurs déploient tous une performance remarquable, mais le sérieux et l’aigreur qui transparaissent dans les interactions entre les personnages viennent nuire au film lorsqu’il se concentre sur le drame humain. Toutefois, je ne peux ignorer les aspects réussis qui raviront les aficionados de longue date, à savoir une ambiance soignée et des décors remarquables. Si vous êtes un inconditionnel de la série, vous trouverez certainement votre bonheur avec ce film, et j’encourage même les nouveaux venus à lui donner une chance. Si le résultat vous convainc, je vous invite à explorer les jeux, car ce film semble davantage constituer une vitrine pour la franchise vidéoludique qu’une œuvre cinématographique autonome.
Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City de Johannes Roberts, 1h47, avec Kaya Scodelario, Hannah John-Kamen, Robbie Amell – Au cinéma le 24 novembre 2021