Ces dernières années, les films à la “Hercule Poirot” centrés sur des enquêtes policières “Cluedo” provenant d’outre-Atlantique se succèdent. Ainsi des longs-métrages composés d’acteurs prestigieux comme la dernière adaptation Le Crime de l’Orient-Express de Kenneth Branagh ou encore À couteaux tirés de Rian Johnson n’ont pas fait pâles figures au box-office international au point où des suites sont déjà prévues. Il n’est donc pas étonnant de voir la France suivre cette tendance en incorporant les mêmes codes : un casting national glamour (Christian Clavier, Benoît Poelvoorde, Gérard Depardieu entre autres), une enquête policière avec des suspects différents et distinguables, une époque loin de notre présent. Mystère à Saint-Tropez dès la communication de son genre et de son casting s’annonçait déjà comme une immense bombe commerciale dans les sorties françaises estivales. Réalisé par Nicolas Benamou (Babysitting, À fond) et écrit par Christian Clavier, Jean-Marie Poiré (Les Visiteurs), Jean-François Halin (OSS 117), la nouvelle superproduction française est-elle crédible ? A-t-elle l’aptitude d’éveiller une nouvelle saga “à la française” ?
Ce qui perturbe le plus dès le lancement du long-métrage c’est qu’après l’introduction montrant le délit qui va devoir être résolu comme dans un épisode de Scooby-Doo, nous ne passons pas directement à l’exposition de notre protagoniste, l’inspecteur Boulin. Cette observation peut être futile, voire pleinement stérile. Vous ne vous trompez pas sur l’aspect objectif. Cependant, lors de la découverte, cela m’a gêné. Sans raison particulière. Or, durant la progression du récit, cette longue absence de l’inspecteur s’explique. Les différents scénaristes dès l’apparition de leur héros, oublient complètement la trame centrale, la prémisse même de l’œuvre : l’enquête. Chaque suspect, chaque personnage secondaire s’efface pour ne servir que de motif à diverses corrélations mal placées avec le personnage que joue Christian Clavier. L’enquête n’avance donc plus, elle stagne et ne se résolve qu’à la toute dernière seconde, l’apothéose de la sottise.
Cette bêtise se retrouve dans l’humour, fondamental à cette comédie policière. Là où l’enquête va stagner et s’effacer pour complètement abroger l’aspect policier de ce Mystère à Saint-Tropez, l’aspect comédie de l’œuvre, lui, est bien pire. Aucun de Christian Clavier, Jean-Marie Poiré et de Jean-François Halin ne parvient à esquisser un sourire authentique au spectateur, hormis les jeunes bambins matricés à l’humour « pipi/caca je suis tombé » qui eux trouveront de quoi se sustenter devant ce film de vacances d’Ehpad. Les mots sont rudes, violents, certes. Pourtant, elle ne reflète que ma désillusion. Une telle promesse, un tel casting ne pouvait qu’attirer mon empathie. Ce regret fut croissant lorsque j’ai constaté la présence de l’actrice Camille Claris au casting, l’excellente jeune interprète de La dernière Vie de Simon. Celle-ci joue le rôle de Peggy, un pot de fleur planqué dans un coin, une pochette surprise transparente, un McGuffin à 2 euros. Elle n’est que décor, une décision d’une grande irrévérence.
Mystère à Saint-Tropez n’est manifestement qu’un reflet d’une indéniable case de la comédie française, sans la moindre amélioration. L’infantilité de l’écriture côtoie la démence de la forme avec énormément de sévices. C’est une comédie que je regrette, tant elle pouvait apporter au genre (sur le papier). Faire du neuf avec du vieux, c’est une formule qui peut à la fois amener le meilleur comme le pire. Et ici, Nicolas Benamou et les scénaristes, ont réussi à concevoir l’œuvre ultime qui non seulement regroupe tous les comédiens bankable de l’époque, mais en plus, regroupe tout ce qui est reproché au genre depuis des années. « L’Avengers du cinéma français » dans le sens complet du terme. Rassemblement, conflit, fin du monde.
Mystère à Saint-Tropez au cinéma le 14 juillet 2021.