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[CRITIQUE] Oxygène – Aja et Netflix, un duo surprenamment solide

Oxygen est le prochain film du réalisateur français Alexandre Aja. Vous vous souviendrez peut-être de son dernier film Crawl, un thriller étonnamment divertissant au sujet d’un père et d’une fille pris au piège dans leur maison inondée d’alligators tueurs pendant un ouragan de catégorie 5. J’admets que sur papier, cela semblait ridicule, mais ceci montrait en fait qu’Aja était un cinéaste rusé capable de capturer des actions déchirantes, serrées et de créer une tension authentique. Je suis entré dans Crawl en ricanant et je suis parti en souriant et vraiment impressionné. Sa suite Oxygene est un film bien différent, qui fera inévitablement des comparaisons avec le thriller claustrophobe de Ryan Reynolds, Buried. Mais les films n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est leur cadre étroit. Celle-ci met en vedette l’actrice Mélanie Laurent que j’ai beaucoup aimé regarder depuis son puissant rôle révolutionnaire dans Je vais bien, ne t’en fais pas de 2006. Ici, elle est chargée de porter pratiquement toute la charge de travail à l’écran, une tâche intimidante, mais que Laurent s’avère être prête à accomplir.

Il est délicat de parler d’Oxygène et de dire que trop de choses gâcheraient ce qui s’avère être une expérience captivante. Comme dans la plupart des films, moins on en sait, mieux c’est, mais c’est surtout vrai ici. Ce que je peux dire en toute sécurité, c’est que le film s’ouvre sur une femme qui se réveille et se retrouve ligotée à l’intérieur d’une capsule cryogénique scellée. Terrifiée et désorientée, elle tente désespérément de se repérer dans l’unité faiblement éclairée, les sons obsédants de son moniteur de fréquence cardiaque émettent un bip en arrière-plan. Dans les premières minutes, Aja a son public fermement planté dans son cadre suffocant. Il commence alors méthodiquement à déballer le mystère. Non seulement la femme est attachée, mais elle est connectée à tous les types de gadgets médicaux. Mais pire encore, elle se souvient de qui elle est ou de la façon dont elle s’est retrouvée dans la chambre. Après avoir libéré ses mains, elle est capable d’alimenter la chambre qui s’allume soudainement avec des affichages. Elle a également été initiée à l’IA de la capsule appelée MILO (voix de Mathieu Amalric), abréviation de Medical Interface Liaison Operator. MILO l’informe qu’il est là pour répondre à « tous ses besoins médicaux », mais avec quelques mises en garde, bien sûr. Il partage aussi quelque chose qu’on ne veut jamais entendre : «Défaillance du système. Niveau d’oxygène : 35 p. 100». Cela met en place l’une des tensions clés du film car la femme doit reconstituer sa mémoire si elle veut avoir une chance de sortir avant que l’oxygène ne s’épuise.

Oxygène repose sur trois composants absolument essentiels : un fil captivant, un travail de caméra qui permet de garder les choses visuellement intéressantes, et un scénario qui permet au public de s’investir sans jamais tomber dans l’ennui. La scénariste Christie LeBlanc s’assure que l’ennui n’est pas un problème en mélangeant la tension contre la montre avec un mystère intelligent à plusieurs niveaux. Il en résulte une histoire propulsive qui m’a constamment surpris, à la fois avec ses rebondissements inattendus et les façons créatives de LeBlanc qui font avancer l’intrigue. Et Laurent est certainement un leader captivant. Ce n’est pas un rôle facile à assumer, mais elle y arrive avec un sens aigu de l’engagement. Sa capacité à vendre chaque seconde de la terreur, du stress et de la frustration de son personnage est non seulement impressionnante, mais cruciale pour l’histoire. Ce n’est pas de l’hyperbole que d’appeler cela une performance incontournable, une performance débordante d’anxiété et d’émotion brute qui saisit aussi habilement la résilience et l’ingéniosité du protagoniste.

Pendant ce temps Aja et son directeur photo Maxime Alexandre font certainement leur part aussi bien, améliorant le film avec un nombre incalculable de touches visuelles astucieusement calculées. Avec des angles de caméra débrouillard et des mouvements fluides, ils tirent le meilleur parti de leur emplacement unique, en utilisant chaque centimètre de l’intérieur de la nacelle « légèrement plus grand qu’un cercueil » pour un effet remarquable. Les quelques pauses que nous obtenons de la chambre exiguë proviennent surtout de brefs flashsbacks, une balançoire dans une cour arrière, un rat de laboratoire blanc, une salle d’urgence de l’hôpital. Comme vous pouvez vous y attendre, ces extraits bien filmés et bien utilisés dévoilent lentement des morceaux de l’histoire, mais ils sont également des chances pour le public de sortir un peu du huis-clos. 

Les amateurs de thrillers et de science-fiction vont se régaler avec Oxygène. Non seulement c’est une grande entrée dans le catalogue de la plateforme, mais c’est une tranche audacieuse et absorbante de divertissement de genre. Alexandre Aja puise son inspiration dans plusieurs lieux et la tisse avec son propre style pour en faire quelque chose d’inattendu. Aja sait aussi qu’il a une actrice sur laquelle il peut compter et un scénario qui attire le public et qui finit par payer son investissement.

Oxygène d’Alexandre Aja, 1h40, avec Mélanie Laurent, Mathieu Amalric, Malik Zidi – Sur Netflix

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