En bref | Ce n’est qu’un au revoir de Guillaume Brac | Festival de Cannes 2024 | Par Alexeï Paire
Guillaume Brac, c’est un réalisateur qui est allé sur beaucoup de terrains et qui n’a pas peur d’en changer. Débutant avec des courts-métrages, il a, tout au long de sa carrière, alterné entre le documentaire et la fiction. À l’Abordage, son dernier long-métrage, avait fait un peu de bruit à sa sortie. Et si, avec son nouveau film Ce n’est qu’un au revoir, Brac délaisse l’histoire fictionnelle et romancée, il place encore une fois sous sa caméra de jeunes personnages.
Documentaire d’à peine plus d’une heure, on y suit les derniers jours de lycée d’amis s’étant rencontrés en internat dans la Drôme. Le réalisateur ne propose pas de narration à proprement parler : le rythme et le ton du film sont uniquement dictés par les actions et les paroles de ces jeunes gens. Le long-métrage nous touche par ses thèmes, et peut se targuer d’une mise en scène très aboutie. La caméra de Brac est discrète, la composition des plans réussie, nous donnant le sentiment d’être à la fois aux côtés de cette bande sans jamais casser le naturel de leurs interactions. C’est bien là la force des films du réalisateur : toujours toucher au réel.

Comme son titre l’indique, le nouveau film de Guillaume Brac parle de l’au revoir. Mais, malheureusement pour ces jeunes, ce n’est pas un au revoir au détour d’une soirée, pour se retrouver une semaine plus tard : c’est bien la fin d’un cycle. Comme il a pu le faire avec À l’Abordage, le metteur en scène traite la vie comme une succession de périodes et de rencontres. Mais si, dans le film de 2021, les rencontres et les adieux duraient le temps de quelques jours, les sujets présentés dans ce documentaire ont appris à se connaître sur plusieurs années. Le réalisateur ne filme plus l’amitié passagère, mais celle qui s’est forgée au fil de nombreuses semaines, rendant l’au revoir d’autant plus déchirant. Ce n’est qu’un au revoir, mais la peur que ce soit un adieu plane sur tous ces amis qui sentent que cet épisode de leur vie touche à sa fin. Capter ce sentiment précieux — joyeux, triste et mélancolique — est la force du nouveau, très beau long-métrage de Guillaume Brac.
| Au cinéma le 2 avril 2025
