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[CQL’EN BREF] Le Salaire de la peur (Julien Leclerq)

Le roman de Georges Arnaud, Le Salaire de la peur, a été adapté au cinéma à deux reprises : d’abord par Henri-Georges Clouzot en 1953, puis par William Friedkin avec Sorcerer en 1977. Malgré ces précédents succès, l’espoir d’une réussite pour la dernière tentative de Julien Leclerq s’avérait mince, étant donné la sensation de déjà-vu qui l’entourait. Malheureusement, cette fois-ci, l’expérience s’avère être un naufrage.

Leclerq transpose l’action du roman de l’Amérique latine vers un pays du Moyen-Orient en proie à des troubles politiques, créant ainsi un contexte qui aurait pu offrir une lueur d’originalité. Cependant, même cette tentative de renouveau échoue lamentablement. Fred (Franck Gastambide) et son frère Alex (Alban Lenoir), ce dernier étant un expert en démolition, se retrouvent mêlés à un coup d’État récent et envisagent de fuir le pays. Par un tour du destin, Alex se retrouve derrière les barreaux alors que c’était Fred qui avait ourdi tout le plan – quelle ironie. Quelques temps après, une compagnie pétrolière locale provoque une explosion dans un puits, déclenchant un incendie colossal menaçant un camp de réfugiés voisin. Fred et Alex, accompagnés de la compagne de Fred, Clara (Ana Girardot), une humanitaire, et de son collègue Djibiril (Bakary Diombera), sont engagés par la compagnie pétrolière pour transporter deux camions chargés de nitroglycérine sur le site et éteindre l’incendie en faisant exploser les explosifs. Dans cette nouvelle version de l’histoire, qui se déroule dans une zone de guerre, ils sont escortés par des mercenaires.

Ce simple changement de cadre révèle les défauts béants de cette adaptation du Salaire de la peur. Au lieu de la tension graduelle entre des individus désespérés confrontés à une situation désespérée, nous sommes plongés immédiatement dans des affrontements, des courses-poursuites et des fusillades. À chaque fois qu’une balle siffle près de la nitroglycérine instable, prenez un moment pour mesurer l’absurdité. Cet actionner souffre également d’une esthétique terne, avec ses rochers marron numériques et son sable sans vie. Bien que le style concis de Leclerq et son utilisation efficace de la géographie aient pu fonctionner dans ses thrillers précédents plus axés sur les personnages, cette fois-ci, l’action s’étale sans relief. Les traversées périlleuses des terrains hostiles sont expédiées en quelques minutes à peine ; une séquence relativement longue impliquant la destruction d’un obstacle rocheux se révèle être une explosion en CGI d’une qualité médiocre. Et pour aggraver encore les choses, une trahison aussi prévisible qu’absurde vient conclure le récit. Pourquoi quelqu’un a-t-il cru bon de donner une version DTV fade à ce monument de la littérature et du cinéma ? Nous resterons à jamais dans l’obscurité face à cette décision incompréhensible.

Le Salaire de la peur de Julien Leclerq, 1h44, avec Franck Gastambide, Alban Lenoir, Sofiane Zermani – Disponible sur Netflix

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