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[CRITIQUE] Mambar Pierrette & Les Prières de Delphine – Portraits véritables

Mambar Pierrette et Les Prières de Delphine sont deux films remarquables qui sondent les vies de femmes plongées dans l’adversité aux quatre coins du globe. Le premier nous convie à une exploration captivante de Mambar, une mère célibataire résiliente évoluant à Douala, au Cameroun, tandis que le deuxième nous livre un poignant tableau de la vie de Delphine, une jeune Camerounaise établie en Belgique.

Ce qui singularise Mambar Pierrette, c’est sa célébration de la quotidienneté. Ce drame, malgré ses modestes moyens, parvient à capturer avec une magnificence saisissante les luttes journalières de Mambar, une couturière d’exception, alors qu’elle fait face aux défis de la subsistance de sa famille. En l’occurrence, il se fait l’écho de l’inébranlable éthique de travail de son héroïne, de son sens aiguisé de l’humour et de ses liens puissants avec sa communauté. Ce récit évite habilement les artifices mélodramatiques ou les romances peu vraisemblables, préférant offrir une plateforme à la personnalité de Mambar qui, en femme compétente et confiante, prône l’importance de son autonomie. Dans un monde où bien des individus exploiteraient ses difficultés, la réalisatrice Rosine Mfetgo Mbakam, de double nationalité belgico-camerounaise, met en lumière la résilience et la détermination de Mambar, conférant ainsi à l’œuvre une expérience authentiquement plaisante.

Copyright Tândor ProductionsMambar Pierrette

En contrepoint, Les Prières de Delphine propose une méditation brute et puissante sur la vie de Delphine, une jeune femme camerounaise évoluant en Belgique. Ce documentaire se dévoile tel un mélange subtil d’art et de vulnérabilité, se déployant à travers la voix sincère de Delphine elle-même, qui narre ses traumas depuis sa jeunesse au Cameroun jusqu’à son exil en Belgique. La force que manifeste Delphine face à une douleur incommensurable est véritablement impressionnante, et son aptitude à préserver ses enfants des tourments qu’elle endure témoigne d’une résilience exceptionnelle. La simplicité du cadre, entièrement tourné dans le petit appartement bruxellois de Delphine, renforce l’oppression inhérente au cycle de souffrance enduré par des femmes telles que Delphine. Le film nous contraint à affronter de manière saisissante les réalités cruelles de la discrimination raciale et de la souffrance disproportionnée qui accable les personnes de couleur dans un monde empreint du confort des blancs.

Dans ces deux œuvres, la force et la résilience des protagonistes émergent en dépit des épreuves de la vie. Mambar Pierrette célèbre avec humour et un profond sentiment d’appartenance les aspects ordinaires de l’existence, tandis que Prières de Delphine sollicite notre attention et notre réflexion quant aux douloureuses expériences vécues par des femmes telles que Delphine. Les deux portraits dressés par la réalisatrice agissent comme de puissants rappels de l’importance cruciale de l’empathie, de la compréhension et de la nécessité de témoigner des luttes d’autrui, que ce soit à Douala ou dans une contrée lointaine telle que la Belgique.

Mambar Pierrette et Les Prières de Delphine de Rosine Mfetgo Mbakam, 1h33 puis 1h30 – Au cinéma le 31 janvier 2024

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