Indubitablement, Le Syndrome des Amours Passées, réalisé par Ann Sirot et Raphaël Balboni, se profile comme une comédie romantique d’exploration de thèmes atypiques. Néanmoins, en dépit de son caractère novateur, cette nouvelle production des cinéastes à l’origine de l’élogieux Une vie démente engendre un sentiment de déception global.
Le récit débute par une prémisse audacieuse, offrant la promesse d’explorer des territoires peu fréquentés. L’idée maîtresse, à savoir la nécessité pour un couple de renouer avec ses anciens amants afin de cicatriser leurs liens amoureux, révèle un potentiel narratif considérable. Toutefois, en dépit de cette originalité initiale, le film peine à conserver la vitalité de cette idée tout au long de son développement. Dès les premières séquences, le spectateur se heurte à une certaine prévisibilité dans le déroulement de l’intrigue. Les étapes que le couple central doit franchir pour guérir du “syndrome des amours passées” s’inscrivent dans un schéma narratif commun aux comédies romantiques. Les événements deviennent par moments aisément prévisibles, amoindrissant ainsi le suspense et l’enthousiasme que l’on pourrait attendre d’une prémisse aussi novatrice. La principale déception réside dans le fait que le film n’ose pas entièrement explorer les implications complexes de son concept. L’occasion de susciter une réflexion profonde sur la nature de l’amour et des relations reste largement sous-exploitée.
Sirot et Balboni s’efforcent de créer des personnages aux traits nuancés, cependant, leur développement se révèle parfois insatisfaisant. Sandra et Rémy, en tant que couple central, incarnent le cœur émotionnel du film. En dépit de leur distinction, leur évolution au cours de l’histoire semble parfois artificielle. Les moments de jalousie, d’isolement et de rivalité qui émaillent leur parcours manquent de la profondeur émotionnelle nécessaire pour les ancrer dans l’authenticité. En outre, les personnages secondaires, notamment les anciens amants du couple, ne font l’objet que d’une exploration superficielle. Leurs motivations, désirs et antécédents demeurent largement obscurs, ce qui diminue leur impact sur le récit. L’opportunité de concevoir des personnages secondaires plus riches et plus nuancés est négligée, ce qui aurait pu conférer une dimension supplémentaire à l’intrigue.
La direction artistique se caractérise par des choix visuels distinctifs, tels que des plans larges et des ruptures fréquentes dans le montage. Cette approche crée une atmosphère étrange qui correspond à l’absurdité du concept. Toutefois, elle peut également générer un sentiment de désordre, détournant l’attention de l’intrigue. Les séquences de danse, supposées représenter les moments d’intimité entre les personnages, s’avèrent visuellement captivantes, mais leur capacité à transmettre les émotions de manière convaincante est parfois compromise. Ces scènes se démarquent du reste, créant une dissonance dans le ton et le style visuel. Bien que l’approche de la mise en scène soit audacieuse, elle peut par moments paraître excessive, nous éloignant ainsi de l’essence de l’histoire. Cela contribue à l’impression que le film éprouve des difficultés à trouver un équilibre entre son concept original et sa réalisation visuelle parfois discordante.
Finalement, Le Syndrome des Amours Passées propose une expérience originale, non dénuée de charme, mais il peine à exploiter pleinement son potentiel et à se réinventer.
Le Syndrome des amours passées d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, 1h29, avec Lucie Debay, Lazare Gousseau, Florence Loiret-Caille – Au cinéma le 25 octobre 2023
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Louan Nivesse5/10 Mid (comme disent les jeunes)Le Syndrome des Amours Passées promet une prémisse intrigante mais ne parvient pas à exploiter son plein potentiel, manquant d'originalité et de profondeur dans le développement des personnages.
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Cécile Forbras7/10 Bien