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[CRITIQUE] Golda – L’art de la femme, de la guerre

GOLDA, du réalisateur israélien Guy Nattiv, se démarque comme une œuvre à part entière.

Dès le départ, GOLDA intrigue par sa capacité à se faufiler entre les genres. Le spectateur, à première vue, pourrait s’attendre à un biopic classique sur Golda Meir, mais le film va au-delà de cela. Il plonge au cœur des 19 jours cruciaux de la guerre du Yom Kippour de 1973, une période charnière dans l’histoire d’Israël. La décision du réalisateur de combiner ces deux facettes crée une tension narrative qui nous captive et nous immerge dans l’âme d’Israël à cette époque. Dans le rôle-titre, Helen Mirren incarne Golda Meir avec une profondeur et une authenticité remarquables. Sa performance transcende la simple imitation pour donner vie à un personnage complexe. Mirren nous offre un portrait intime de Meir, que ce soit dans les moments de vulnérabilité face à la maladie ou dans sa force de leadership indéniable. Son jeu d’actrice subtil et nuancé mérite l’acclamation et souligne la capacité du cinéma à capturer l’essence d’une personnalité historique.

Guy Nattiv réussit à créer une atmosphère palpable de tension et d’isolement. L’utilisation récurrente de la cigarette par Golda Meir crée une anxiété omniprésente qui contraste avec son calme apparent. Cette immersion dans la psyché du personnage principal, dans les coulisses des salles de commandement israéliennes, renforce l’impact émotionnel du film. Le choix de se focaliser sur les réactions des dirigeants israéliens aux transmissions des troupes sur le champ de bataille, au lieu de montrer des scènes de combat graphiques, est une décision audacieuse qui souligne la réalité crue de la guerre. Au cœur de GOLDA, se trouvent les relations humaines qui donnent une profondeur et une humanité au personnage de Golda Meir. Les moments poignants où elle console son ministre de la Défense, Moshe Dayan, ou montre de l’empathie envers un sténographe dont le fils est au front, humanisent cette icône politique. Ces interactions humaines au milieu d’une crise majeure renforcent le caractère nuancé du film.

Liev Schreiber brille dans son rôle de Henry Kissinger, se démarquant par une interprétation subtile et nuancée de cette figure politique bien connue. Son interaction avec Golda Meir est un moment mémorable du film, soulignant les enjeux géopolitiques de l’époque tout en révélant la personnalité complexe de Meir. Bien que GOLDA soit une œuvre remarquable, il n’est pas exempt de défauts. Certains dialogues, en particulier ceux des généraux israéliens, peuvent sembler exagérés. De plus, le rythme parfois saccadé du film peut perturber notre immersion.

GOLDA est une œuvre fascinante qui réussit à capturer l’essence d’une époque tumultueuse grâce à une mise en scène habile et des performances exceptionnelles. Guy Nattiv et Helen Mirren rendent hommage à Golda Meir en nous offrant une immersion émotionnelle dans son monde, tout en explorant les défis politiques et militaires auxquels elle a été confrontée. C’est bien plus qu’un simple biopic ou un film de guerre, c’est une expérience puissante qui laisse une empreinte durable dans l’esprit du spectateur.

Golda de Guy Nattiv, 1h40, avec Helen Mirren, Camille Cottin, Rami Heuberger – Date de sortie inconnue.

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