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[DVD/BLU-RAY/4K] Trois milliards d’un coup – Le train-train quotidien

Trois milliards d’un coup de Peter Yates, une pépite du cinéma des années 60, rivalisant avec L’or se barre avec Michael Caine, nous est révélé dans toute sa splendeur grâce à la récente ressortie de Lost Films. Le film narre l’un des crimes les plus sensationnels de l’histoire moderne de l’Angleterre, le vol de 2,6 millions de livres en billets usagés lors d’un braquage spectaculaire du train postal Royal Mail en août 1963. Loin d’être un simple casse, cette opération virevoltante, orchestrée par une quinzaine de voleurs, s’apparente à une véritable opération militaire. Surnommé « The Great Train Robbery« , cet événement a inspiré de nombreux ouvrages et adaptations cinématographiques depuis lors. Malheureusement, en France, Trois milliards d’un coup est injustement passé sous silence.

LE HOLD-UP

Dès sa sortie, Trois milliards d’un coup a suscité la réserve chez les critiques. L’une des raisons de cette perplexité réside dans l’apparente dualité de ton qu’il adopte. D’un côté, le film joue le jeu du semi-documentaire, plongeant le spectateur dans une atmosphère équivalente au réalisme urbain de The French Connection. Les lieux de tournage, qu’ils soient des parkings, des stades de football ou des parcs urbains, résonnent d’une authenticité totale, presque palpable. D’un autre côté, le film s’abandonne avec élégance aux sirènes de la stylisation, faisant écho à l’esthétique psychédélique des années 60. Le résultat est un subtil mélange de réalisme et de créativité, une alchimie qui captive notre esprit.

Peter Yates, le réalisateur, signe ici une mise en scène époustouflante, notamment dans la scène d’ouverture relatant le braquage d’un diamantaire par le gang de Clifton, campé avec brio par Stanley Baker. Cette séquence haletante et électrisante, agrémentée d’une poursuite en voiture qui implique avec malice des écoliers innocents, a littéralement subjugué Steve McQueen, le conduisant à choisir Yates pour réaliser Bullitt. Digne des courses-poursuites de voitures dans les rues de San Francisco du même McQueen, cette séquence se clôture avec une identification policière remarquable, avec une participation éblouissante de Rachel Herbert dans le rôle de l’institutrice compréhensible mais déconcertée.

© Lost Films
ROULETTE RUSSE

Le hold-up du train postal Royal Mail est minutieusement reconstitué dans Trois milliards d’un coup, chaque détail étant scrupuleusement pris en compte pour conférer une authenticité saisissante à l’ensemble. Grâce à l’utilisation de lieux authentiques, tels que le pont ferroviaire de Cheddington, Buckinghamshire, nous sommes plongés au cœur de l’action, comme si nous étions témoin direct du crime. La tension qui se dégage de cette reconstitution est palpable, maintenant le suspense à son comble tout au long des presque deux heures de projection.

Au-delà de la mise en scène, le casting impeccable contribue grandement au succès du film. Les performances brillantes de Barry Foster, William Marlowe et George Sewell marquent durablement les esprits, tandis que Frank Finlay apporte une touche réaliste subtile au rôle du cambrioleur expert en finances. Le personnage du détective, interprété par James Booth, évoque l’inoubliable inspecteur Columbo, ajoutant une dimension intrigante à l’enquête policière.

© Lost Films
TÊTE MISE À PRIX

En dépit de ses atouts indéniables, Trois milliards d’un coup ne parvient pas tout à fait au statut de classique, à l’instar d’Ipcress, danger immédiat. L’une des raisons en est probablement le personnage principal, Paul Clifton, interprété par Stanley Baker. Ce cerveau du braquage manque de profondeur, se dévoilant davantage par de mystérieux gestes que par une réelle complexité psychologique. L’interaction entre Clifton et sa femme, malgré une interprétation convaincante de Joanna Pettet, oscille parfois vers les clichés du genre.

Toutefois, Trois milliards d’un coup demeure un film de braquage remarquablement exécuté, teinté de professionnalisme et d’audace stylistique. Ses choix novateurs plongent le spectateur dans un univers entre réalité documentaire et exubérance des années 60.

Le blu-ray de Trois Milliards d’un Coup présente le film dans un boîtier Digipack accompagné d’un DVD du même contenu. Appartenant à la collection Make My Day !, ce Blu-ray est le numéro 60 de la série. De plus, les spectateurs pourront apprécier la préface écrite par Jean-Baptiste Thoret, ajoutant ainsi une valeur supplémentaire à cette édition.

Trois milliards d’un coup de Peter Yates, 1h54, avec Stanley Baker, James Booth, Frank Finlay – Sorti en 1968, disponible en Combo Blu-Ray + DVD chez StudioCanal.