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[ANALYSE] Across the Cruise Verse – Mission Impossible x Spider-Man

Mission : Impossible – Dead Reckoning Part 1 et Across the Spider-Verse ont plusieurs points communs intéressants. Outre le fait qu’ils se présentent comme des œuvres en deux parties, symptôme d’un Hollywood accroc aux franchises, ils sont surtout similaires dans leurs approches narratives. Les deux films racontent l’histoire d’un héros devant faire face à un antagoniste à l’objectif étonnant : faire en sorte que le scénario continue tel quel. Perpétuer les clichés et les attentes pour créer un semblant d’ordre qui garantirait la paix. Et donc dans un paysage cinématographique américain, gangréné par les superproductions en pilotage automatique et les plateformes de streaming amoureuses des algorithmes, il y a une forme de rébellion qui se dégage de ces deux œuvres. Bien évidemment qu’elles restent bien dans les carcans traditionnels du blockbuster estival, mais leur approche de leur propre histoire, et leur conscience de ce qu’elles sont, des sagas, en font des cas hypnotisants. Retour sur ces longs-métrages luttant pour rester unique.


© Paramount Pictures

Dans les deux longs-métrages que nous évoquons, les protagonistes doivent donc faire face à divers ennemis, qui par un moyen ou un autre, rejoue le même scénario encore et encore. Pour Across the Spider-Verse cela passe donc par l’obligation pour Miles Morales de voir son père mourir, comme tous les autres spider-man ont connu des pertes similaires. Une idée narrative consciente des répétitions d’une telle saga, qui permet donc à la fois une réflexion méta sur comment renouveler le genre super-héroïque, un moyen d’aborder avec intelligence des thématiques adolescentes sur « comment être unique » et surtout un enjeu de scénario important. Ici ce sont donc nous autres spectateurs, conscients de la possible mort du père de Miles, qui créons du suspens.

Pour Mission Impossible, cette idée méta est tout de même plus frontale. Ici c’est carrément l’ennemi de cet épisode, une I.A, qui cherche à décoder la franchise de Tom Cruise, pour percer tous ses secrets. La saga cherche donc tout d’abord à se commenter, puis à jouer de ses codes traditionnels dans un second temps. C’est pour cela que l’antagoniste tout puissant, maître du scénario (ce qui rappelle les peurs de la WGA actuellement) cherche à réunir les personnages principaux, dans des lieux iconiques du film d’espionnage, pour tout simplement créer du récit. C’est d’ailleurs sur cette conscience de lui-même, tout comme l’I.A sait qu’elle existe, que ce septième volet devient passionnant et passionné.

© Sony Pictures

Dans l’objectif d’être le réalisateur de son propre film, l’antagoniste de Mission Impossible, force donc la création de séquences cultes en réunissant tous les personnages, ennemis comme alliés, dans des lieux classiques de l’espionnage. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons la traditionnelle course-poursuite dans les ruelles romaines, aujourd’hui passage obligatoire pour les espions du monde entier que ce soit dans Underground 6 de Michael Bay, Spectre de Sam Mendes ou encore le symptomatique Fast X de Louis Leterrier. Une ville qui permet de varier la poursuite, avec ses quais, ses ruelles ou ses larges avenues, tout en offrant un spectacle visuel impressionnant avec ses nombreuses occasions de destructions et ses monuments touristiques. Pourtant quand Christopher McQuarrie utilise cette poursuite romaine, ou le traditionnel corps à corps sur le toit d’un train en marche, ce n’est pas seulement pour offrir une réflexion sur la saga qu’il a contribué à franchiser, mais surtout pour inscrire ses films, et donc lui par la même occasion, dans une grande histoire du cinéma d’action, et du septième art. De la gare de la Ciotat aux alpes autrichiennes de ce climax il n’y a qu’un seul rail.

C’est quoi le cinéma-méta selon Across the Spider-Verse et Mission : Impossible – Dead Reckoning ? C’est avant tout des moyens narratifs de captiver le spectateur pendant 2h30, en jouant avec ses références et sa connaissance de la saga. Mais il y a derrière tout cela une volonté de créer du suspens à outrance, avec dans les deux films l’obligation pour le héros de voir l’un de ses proches mourir, pour faire perdurer un scénario. Et c’est le troisième sens qui rend le tout passionnant, lorsque les films se mettent donc à réfléchir sur eux-mêmes. Pour Miles Morales cette envie d’être unique permettra surement de le sauver, et de renouveler même les prochaines productions Marvel. Pour Ethan Hunt cette introspection signe sa mort prochaine. Cet ennemi qui empêche les protagonistes de pouvoir utiliser des artifices électroniques, des trompe-l’œil ou autres feintes numériques, tue tout simplement le concept même de la saga. En empêchant les twists et autres raisons du suspens, l’Entité a déjà gagné le combat à mort contre Mission Impossible. À moins que Tom Cruise réussisse, une dernière fois, à sauver sa peau en se renouvelant. Réponse en 2024 pour la seconde partie de ces deux films.

Mission : Impossible – Dead Reckoning – Partie 1 de Christopher McQuarrie, 2h43, avec Tom Cruise, Hayley Atwell, Simon Pegg – Au cinéma le 12 juillet 2023

Spider-Man : Across the Spider-Verse de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson, 2h20, avec Shameik Moore, Hailee Steinfield, Oscar Isaac – Sorti au cinéma le 31 mai 2023

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