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[CRITIQUE] Petit Samedi – Dépendance à la famille

Les fils se disputent avec leur mère depuis la nuit des temps, mais le documentaire de Paloma Sermon-Daï montre une dispute plus pathétique qu’il n’y paraît. On demande à Damien Samedi (titre du film) ce qu’il ferait si sa mère venait à mourir. Il refuse de répondre à la question, ce qui amène sa mère Ysma à lui dire que sa réticence lui donnera un cancer. La caméra projette alors son visage inquiet, alors qu’il réalise la pire crainte d’un garçon, à savoir que son premier professeur et son compagnon le plus fiable ne lui répondra peut-être pas la prochaine fois qu’il l’appellera.

Mais Damien n’est pas un garçon comme les autres, au contraire, c’est un homme de 43 ans qui lutte contre la dépendance. Incapable d’affronter la réalité, il s’enferme dans le monde, avec pour seul réconfort la perspective de l’apparition de sa mère. En sa mère, il a une meilleure amie et une pire ennemie, quelqu’un pour le relever, mais aussi pour lui dire les dures vérités. Comme beaucoup de gens sur cette planète, il a du mal à faire sortir la réalité dans laquelle il vit en dehors de ses murs, mais le film met en scène sa solitude avec un lyrisme doux et un respect infini. Il fume librement, le dos tourné à la caméra, ne voulant pas expliquer sa situation difficile à un public qui ne veut peut-être pas l’entendre. Pourtant, son langage corporel – épaules voûtées, visage décharné – montre clairement qu’il est profondément malheureux et qu’il a besoin d’un but pour poursuivre sa vie.

© Singularis Films

Non, Petit Samedi n’est pas un film facile à regarder, mais il est important, et le film se donne beaucoup de mal pour démontrer l’importance de la famille avant tout. Malgré le mal qu’il lui a fait, Ysma aime Damien inconditionnellement et lui promet même de lui chatouiller les orteils dans les années qui suivront sa mort. La mort est présente dans chaque image, tout comme la vie, et les protagonistes prennent confiance en eux lorsqu’ils réalisent à quel point les deux formes de vie sont compatibles. Ensemble, ils écrivent le parcours de Damien, qui semble avoir eu une vie accomplie, avant d’être frappé par une cruelle maladie. Plus heureux, Damien sent qu’il peut surmonter les obstacles de la dépendance et redevenir l’homme qu’il était censé être. Comme pour toute maladie, l’espoir est important pour surmonter la dépendance, mais Damien a la chance de pouvoir compter sur le soutien de sa mère aimante. Ce sont ces petites choses qui comptent, n’est-ce pas ?

Petit Samedi de Paloma Sermon-Daï, 1h15, documentaire – Au cinéma le 3 mai 2023