Une mère qui lutte pour s’en sortir et son fils (un jeune homme tourmenté par les accusations portées contre elle) représentent les deux personnages principaux du fascinant Amel et les fauves. Le réalisateur Mehdi Hmili a conçu un film de qualité, avec une performance magistrale d’Afef Ben Mahmoud dans le rôle de la mère, l’une des meilleures interprétations que l’on puisse voir cette année. Dans le rôle du fils, Iheb Bouyahya livre une performance féroce, courageuse et fascinante, l’un des meilleurs seconds rôles de l’année.
Au début du film, nous rencontrons Amel (Afef Ben Mahmoud), mariée à un homme qui ne remplit pas le rôle qu’il devrait assumer pour subvenir aux besoins du foyer. Comme si cela ne suffisait pas, il y a une souris qui court autour de leur maison et au travail d’Amel, les travailleurs tentent d’organiser une grève. Moumen (Iheb Bouyahya) joue dans une association sportive et semble être un fils loyal et aimant, bien que légèrement rebelle. Lorsqu’Amel dîne avec un homme par sympathie, elle s’attend à rentrer chez elle par la suite. Amel essaie de payer son dîner mais l’homme ne la laisse pas faire. Par la suite, l’homme l’oblige à avoir des rapports sexuels avec elle dans une voiture. Les autorités arrivent et les emmènent tous les deux au poste de police, où ils accusent Amel d’adultère tandis que l’homme s’en sort indemne. Amel n’a rien fait de mal, mais comme l’homme a vu l’argent dans le portefeuille d’Amel lorsqu’elle a essayé de payer le dîner, il convainc le policier qu’il lui a donné l’argent. Amel est ainsi déshonorée.
Moumen est automatiquement enragé par les accusations portées contre sa mère et lorsqu’un coéquipier parle mal d’Amel, Moumen répond avec une extrême violence et blesse le coéquipier. Par la suite, la vie de Moumen est mise en danger pour avoir battu le jeune homme et Moumen finit par s’enfuir. Le film nous emmène dans les rues de Tunis, où Amel est finalement libérée de prison et se lance dans une quête pour retrouver son fils qui se livre à des activités telles que le sexe pour de l’argent et le trafic de drogue pour survivre. Le film témoigne d’une part de l’amour qu’Amel porte à son fils et, d’autre part, de la lutte de Moumen pour survivre dans un monde où la violence est omniprésente et où il est extrêmement difficile de faire confiance aux gens. Le film explore la société tunisienne à travers le parcours de ces personnages.
Amel et les fauves est très complexe. Le rôle du mari d’Amel/père de Moumen aurait pu être un rôle secondaire dans un film de moindre importance, mais le film traite ce personnage de manière très intelligente. Si la négligence du mari d’Amel est en grande partie responsable de ce qui se passe, ce sont aussi des situations qui échappent au contrôle de ces personnages qui ont conduit aux situations tragiques dans lesquelles ils se trouvent. Le mari revient à un moment donné après avoir disparu pendant un certain temps, car aussi mauvais qu’il puisse être, il aime toujours son fils. Dans le film, Amel travaille à temps partiel pour joindre les deux bouts. Elle fait un travail où l’on trouve surtout des femmes plus jeunes qu’elle, mais elle le fait au nom de la survie et pour l’amour de son fils. Elle cherche désespérément à retrouver Moumen pour sa propre tranquillité d’esprit et par amour pour lui, elle découvre une vie bien plus brutale et compliquée qu’elle ne l’aurait jamais imaginé.
La mise en scène de Mehdi Hmili emmène le spectateur dans des endroits où il est difficile d’aller et il le fait sans crainte. Il n’y a pas un seul moment dans ce film qui ne soit pas tout à fait authentique. Amel et les fauves est un film stimulant sur l’amour d’une mère pour son fils. C’est aussi un film sur la perte de repères de ce fils lorsqu’il apprend que la réputation de sa mère a été ternie. C’est un projet absolument exceptionnel et sincère que je recommande vivement.
Amel et les fauves de Mehdi Hmili, 2h02, avec Afef Ben Mahmoud, Iheb Bouyahia, Sarah Hanachi – Au cinéma le 12 avril 2023