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[CRITIQUE] Tales of The Waking Dead – Un spin-off n’aimant pas trop les zombies

Après un Fear The Walking Dead parfois poussif et copieux, parfois prenant et intriguant, et un The Walking Dead : Word Beyond horriblement lourd, la série mère The Walking Dead se voit attribuer un troisième spin-off avec cette fois-ci une forme différente. Il s’agit pour Tales of The Walking Dead d’être une série d’anthologie qui met en scène une histoire différente chaque épisode, et ainsi l’univers adapté des comics de Robert Kirkman se voit de nouveau être dérivé dans des récits inédits. Force est de constater que l’univers de The Walking Dead est un engrais efficace dans la fabrication de choses à raconter, alors que le postulat de son univers est simpliste mais au moins clair et sans équivoque. Pourtant depuis le début, l’univers offre de la matière à décliner les histoires en s’accrochant aux rapports humains et à des questionnements moraux voire même philosophiques amenés par les personnages évoluant dans ce monde post-apocalyptique envahi par les « rôdeurs ». À voir maintenant si cette nouvelle arrive à extirper de bons récits car au-delà de la capacité pour toute l’entité The Walking Dead à toujours fabriquer une histoire, elle est aussi spécialiste à jouer avec le vide et à l’étendre au maximum.

Avec son premier épisode, le chemin emprunté par la série est plutôt rassurant et permet même de remplir les critères de ce qu’on peut en attendre. L’on suit dans ce pilote les personnages d’Evie et Joe. Cet épisode marque un bon début pour la série qui arrive ici à bien caractériser ses personnages, en leur donnant une histoire touchante. La série, pour l’instant, ne néglige pas sa nature et admet le danger continu de son univers, les morts, et qui ont leur place dans les enjeux de ce pilote. Enfin, et une chose qui n’est pas des moindre, c’est l’épisode qui arrive le mieux conclure son récit, et dans une série sous cette forme anthologique, c’est un point très crucial. « Evie + Joe » malgré ses aspects positifs, est représentatif néanmoins d’un schéma éperdument classique d’un programme The Walking Dead. Mais ce qui est de mauvaise augure pour la série, c’est que cette recette qui n’est autre que le béaba de ce qu’un épisode doit être, et n’est certainement pas ce qui compose très majoritairement la série spin-off Tales of The Walking Dead. En effet, quand la formule s’approche de celle du pilote, la série arrive à faire moins bien car elle se veut parfois trop distante de ses personnages, parfois elle s’accable d’un défaut de rythme titillant, et parfois encore elle propose une mise en scène qui en fait lourdement trop. Cette liste de défauts pour le moins imposants font le lien avec deux autres épisodes de la série (le quatrième et le cinquième épisode intitulés respectivement « Amy + Dr. Everett » et « Davon ») qui ne suscitent que rarement un réel intérêt vis à vis de leurs récits. Puis malheureusement, le cinquième épisode pourrait nous faire oublier dans quel univers l’on se trouve tellement l’exploitation de ce dernier est quasiment absente. Pour autant, ces deux derniers épisodes évoqués ne sont pas  les plus à coté de la plaque, pire est possible. 

Evie + Joe – ©OCS

Effectivement, Tales of The Walking Dead a pris le risque d’entreprendre un chemin fantaisiste dans deux de ses épisodes et le résultat n’est pas des plus convaincants. Le deuxième et le dernier épisode sont ceux qui sont concernés par ce choix hasardeux. La critique de cette route défiant l’imaginaire peut être paradoxale quand le support est celui d’un monde post-apocalyptique envahi par les zombies, mais le ton prit depuis par le début par The Walking Dead pose juste un souci de cohérence pour le bien de son univers. C’est impensable que cet univers mis en place depuis plus de dix ans à la télévision maintenant, puisse aller dans un tel chemin qui défie toute la rationalité de ce monde dystopique de morts-vivants. Pour étayer cela, le concept du dernier épisode « La Doña » amène un côté surnaturel pour renforcer celui de l’horrifique. Jusqu’à présent, l’entité The Walking Dead a pu quelques fois joué de l’épouvante mais celui-ci a toujours posé sur un socle rationnel pour évoquer par exemple la psyché des personnages. Mais dans le cas de figure de cet épisode du spin-off, le surnaturel occupe une place réelle, il existe vraiment et de ce fait, il y a des conséquences sur les protagonistes. Au-delà d’être une déviance qui me déplaît personnellement, c’est surtout amener une contradiction établie depuis la création de l’adaptation télévisuelle des comics de Robert Kirkman. En plus de cela, l’exécution de l’épisode n’est pas bien maîtrisée avec un souci de rendre ses personnages apathiques, ou encore de pondre une mise en scène assez faible dans l’horreur.  Mais c’est surtout l’exploitation quasi nulle de l’univers des morts qui nous fait interroger sur la pertinence d’ériger un tel épisode. Néanmoins, pour ce qui en est du deuxième épisode, je ne serais pas aussi dur. Cet épisode intitulé « Blair + Gina » écope également d’un ton tout à fait fantaisiste où le concept est bien connu dans le monde du genre, à savoir le fait de vivre en boucle une même journée et de fait, vivre à répétition les mêmes événements. Ces deux personnages féminins sont amenés dans cet épisode à vivre continuellement la même journée qui n’est d’autre que les prémices de l’effondrement de leur monde. Mais à l’inverse du dernier épisode, celui-ci a des personnages avec du caractère ce qui les rend plus ou moins attrayants et l’exécution de l’épisode est pas mal orchestrée. De plus, la série tente même de rationaliser ce phénomène en évoquant la « psychose partagée » ou plus communément appelé « la folie à deux ». Par conséquent, il y a un résultat plutôt mitigé quant à cet épisode qui se veut trop fantasque même si l’idée reste intéressante et assez bien exploitée.

Blair + Gina – ©OCS

Enfin, il reste un dernier épisode à aborder et c’est celui qui crée un lien directement avec la série d’origine, le troisième épisode inutilité « Dee » qui n’est autre que le véritable prénom d’Alpha, une antagoniste emblématique de The Walking Dead. Dans la série, cet épisode est sûrement le plus intéressant en vue de son lien avec la série mère, mais il pose un souci assez conséquent dans un aspect scénaristique. Sans décrire ce qui s’y passe, la série spin-off montre un événement majeur dans la confection du personnage d’Alpha qui ne s’imbrique pas dans les événements montrés dans The Walking Dead qui visait à établir les origines du personnage, et même à entretenir toute le côté mystique de cet antagoniste. Tales of The Walking Dead saborde quelque peu cette aura qu’a le personnage d’Alpha, malgré une volonté de la renforcer, notamment par le plan final de l’épisode. Malgré l’incohérence que l’épisode amène, celui-ci reste sans doute le meilleur avec un respect évident de l’univers de The Walking Dead où des enjeux de survie sont de premier ordre. 

Dee – ©OCS

Cela m’amène à conclure sur cette série spin-off qui a tendance à trop oublier son matériau d’origine en préférant promulguer des récits sans digne intérêt. L’exercice n’est pas certes évident, mais Tales of The Walking Dead a tendance à se barrer la route elle-même pour toutes les raisons que j’ai pu évoquer jusqu’à maintenant. C’est dommage car il y a cette désagréable impression de passer à coté de mille possibilités d’histoires dont la série a le pouvoir, mais celle-ci préfère se complaire dans des récits sans grande ambition.  

Tales of The Walking Dead, 1 saison, 6 épisodes, 60 min, avec Nick Basta, Danny Ramirez, Juan Carlos Flores – Sur OCS

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