
Après de multiples reports dûs à la pandémie, les nouvelles aventures du plus célèbre des agents français se retrouvent enfin sur nos grands écrans. Pour ce troisième volet, pas de Michel HAZANAVICIUS à la réalisation mais bien Nicolas BEDOS, qui est accompagné de Jean-François HALIN à l’écriture. Celui-ci tenait déjà la plume des deux précédents opus, servant donc ici de continuité. Nous pouvons déjà souligner qu’il a plutôt bien rempli son rôle, permettant au spectateur de retrouver la personnalité du cousin classe de Brice de Nice incarné par Jean DUJARDIN. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Trente ans après les premières péripéties d’Hubert Bonisseur de la Bath en Egypte, le remuant OSS 117 se rend maintenant en Afrique de l’Est pour tenter de sauvegarder la “démocratie” au Kenya. En début d’année 1981, tout ou presque a changé : le Général de Gaulle n’est plus, les nazis ont quasiment disparu et le communisme est la principale menace alors que François MITTERRAND devient le favori de la prochaine élection présidentielle. En plus de cela, l’Empire français a cessé d’exister alors que nombre d’anciennes colonies et autres protectorats français se déclarent indépendants, notamment en Afrique. Malgré tout, la région reste importante aux yeux de la France, c’est pourquoi Emile Cousin (la nouvelle couverture de notre héros) doit littéralement mettre à bas la rébellion qui tente de renverser le président Bamba. Dans sa mission, il est accompagné de Serge ou OSS 1001, dont les traits sont ceux de Pierre NINEY et qui, une fois n’est pas coutume, n’est guère une femme ou ce que nous pourrions appeler une “OSS 117 girl”.

Comme évoqué quelques lignes plus haut, le personnage d’Emile Cousin suit une évolution attendue mais normale. Malgré tout, il reste de la continuité dans tous ces changements. Ce loser magnifique d’OSS 117 est toujours autant à côté de la plaque mais son talent lui permet de s’adapter aux changements en cours ou de se sortir des situations les plus périlleuses. De la même manière, il garde le bon mot, la bonne expression ou le vocabulaire décalé qui fait la patte de ce personnage ainsi que l’humour du film. Le héros vieillit et perd de son explosivité, comme l’atteste le jeu de Jean DUJARDIN qui est plus sobre et moins énergique, mais le personnage garde son allant et sa capacité à toujours avoir un coup d’avance. C’est par exemple le cas face à son successeur OSS 1001 : plus jeune, plus beau, plus énergique, plus intelligent mais moins chanceux et malin que son mentor. En définitive, ce sont bien les dialogues (dont certaines expressions sont déjà cultes) et la figure d’Emile Cousin qui portent ce troisième film.

Néanmoins, ce volet africain n’égale pas ses deux prédécesseurs tant le style de la réalisation est plus policé, moins parodique et codé en comparaison avec les œuvres de Michel HAZANAVICIUS. Ici, à quelques exceptions près, le sentiment d’assister à un film en décalage avec son temps n’existe pas. Là où la réalisation des deux précédents films nous emmenait vraiment dans les années 50 et 60, celle de Nicolas BEDOS nous égare jusqu’à estomper ce charme qui ajoutait un décalage en plus, et donc un effet comique, à l’univers d’OSS 117. De la même façon, l’épilogue semble brusque et vain tandis que la figure du héros qu’incarne de la Bath semble s’estomper en même temps que sa propension à croire en la grandeur de la France. Peut-être est-ce un regard sur la situation géopolitique de l’époque par les créateurs du film, ce qui n’en fait pas nécessairement une fin digne de ce nom.

OSS 117 3 : Alerte Rouge en Afrique Noire s’apprécie et ce, même s’il pêche par son côté trop soigné et moins grandiose. Le personnage d’Hubert Bonisseur de la Bath est assurément le point fort de ce film ainsi que les références politiques actuelles et plus anciennes (le mouvement #MeToo, les diamants de Bokassa, la Françafrique, la Guerre Froide, l’arrivée de la Gauche au pouvoir) qui sont de petits plaisirs en bouche. Ce troisième opus reste ainsi correct et ne fait pas tâche, en attendant très certainement un quatrième volet.
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire au cinéma le 04 août 2021.