Vous souvenez-vous de Tommy GUNN, personnage du cinquième film de la saga Rocky (sorti en 1990) et interprété par Tommy MORRISON ? Je le dis dès maintenant, ce personnage aurait dû avoir son propre film avant Adonis CREED (interprété par Michael B. JORDAN) ou au moins, faire une apparition dans l’immense Rocky Balboa (dernier film de la saga éponyme, sorti en 2006).
Pourquoi offrir une apparition, voire un film, à ce personnage mineur d’une franchise universelle dont, de plus, le cinquième opus où il apparaît est le moins apprécié ? Tout l’intérêt de cette proposition ne se base pas sur le personnage en lui-même mais sur l’individu qui l’incarne. Certes, Rocky V n’est pas le meilleur ni le plus jouissif, mais le jeu d’acteur de Tommy MORRISON n’était pas mauvais pour autant. Il incarne un jeune loup que Rocky prend sous son aile, entraîne et mène jusqu’à la victoire. Dans une première version du film, il devait même donner la mort au héros auquel Sylvester STALLONE donne les traits. A la manière de ce dernier avec Mickey (Burgess Meredith) lors des premiers opus, GUNN se détache de son coach pour aller vers l’argent et la gloire. La chute n’en sera que plus lourde et, l’histoire nous l’apprendra, sans dernier round.
Le personnage doit alors être mis en parallèle de l’homme, l’acteur, qui lui donnait toute sa dimension. Vous retrouvez toutes ces informations sur des sites de vulgarisation, Tommy MORRISON était un boxeur professionnel américain, ancien champion du monde des poids lourds et, suite à des aventures sexuelles semblables à celles que son personnage se permet dans le film, testé séropositif en 1996. Ce dernier point est extrêmement important pour comprendre le lien avec le sixième film de la saga, puisque le (vrai) boxeur n’a pas eu, par la suite, l’occasion de réellement remonter sur le ring et d’avoir une dernière chance de prouver son talent, contrairement à Rocky. Le film aux nombreux moments d’émotion aurait encore atteint d’autres sommets en offrant à l’homme, et non plus seulement l’acteur, l’occasion d’apparaître à nouveau et d’apporter un soutien de plus à l’Étalon Italien, malgré les différends entre leurs personnages ou les acteurs eux-mêmes dans la vraie vie. Il aurait fallu que Rocky se batte pour lui, aussi.
Un film aurait même été envisageable pour ce personnage, en mêlant réalité et fiction. Une réalisation semblable à celle de The Wrestler, dans le côté dramatique et réaliste, alliée à la poésie de l’écriture de Sylvester Stallone aurait pu offrir un film tout aussi intimiste, touchant et personnel tout en permettant à l’univers de s’étoffer plus encore. Une sorte d’anti-Rocky Balboa, en somme.
Tommy MORRISON décède le 1er septembre 2013 d’un arrêt cardiaque, quasiment dans l’indifférence générale. Son histoire personnelle était un film à elle-seule et fait partie de ces occasions manquées pour le cinéma.
Rocky V est disponible sur Ciné+ et SALTO.
