[FILMOTHÈQUE] The Fence – Hommage d’un rodéo urbain

Après avoir rencontré un franc succès sur YouTube en 2018, William Stone recycle son court-métrage pour en créer un film avec un casting qui laisse entrevoir des compétences d’acting améliorées.

C’est au rythme des percussions punk rock que le décor eighties prend forme dans un quartier de Bristol – époque où les vrombissements des cyclomoteurs se font entendre dans chaque coin de rue. Le quartier de Hartcliffe esquisse un décor maussade, jonché de logements sociaux issus du boom de 1950 où la classe ouvrière tente de mener une vie paisible. Le souci du like est proscrit de ce paysage assaini par cette éclipse d’écrans – ici, les préoccupations de Steven n’engagent que la tourmente de ses économies pour acheter une moto.

© Vertigo Releasing

En parallèle de cette légèreté musicale, la période demeure conflictuelle, entre hooliganisme et montée des skinheads, la tension est à son comble dans les ternes ruelles de Bristol. En guise de résistance, le mouvement permanent de Steven qui ne compte pas se laisser happer par cette mixture délinquante dans laquelle ses proches s’engluent tristement. Dynamique, le jeune homme s’extirpe en négociant le prix de la viande derrière le comptoir de la boucherie du coin. L’activité du jeune homme est d’autant plus touchante lorsque le vol de sa moto survient quelques heures après avoir dûment acquis le bien.

Nos chères têtes blondes (rasées)

Même si la thématique s’expose naïvement, il s’agit d’aborder une problématique dramatique pour ces foyers défavorisés, où la jeunesse est souvent livrée à elle-même. Les jeunes gens doivent composer avec ces sursauts de testostérone et sont généralement bien décidés à imposer leur territorialité en commettant des larcins. Steven va alors chercher à démasquer ceux qui ont dérobé sa moto, à l’aide de sa fratrie de cœur et de sang, dans un récit nostalgique d’une époque tout feu tout flamme. La résistance du protagoniste tend à relativiser la violence de ces gangs qui souvent, ne savent que rouler des mécaniques – l’entraide fraternelle réanime l’espoir d’une génération épargnée de la mauvaise influence stagnante. L’insouciance de ces cadets est désarmante de tendresse.

©2023 ADAM PICKFORD | CINEMATOGRAPHER

Souvent impuissants, les parents désabusés encouragent vainement leurs enfants à mieux lorsqu’ils ne sombrent pas dans un alcoolisme collectif dans le pub le plus proche. La pénurie de figures paternelles stables détonne de ces groupes de jeunes hommes agités par leur désir d’autorité. Ces pères ont baissé les bras face à cette vie fauchée par la misère sociale – la figure paternelle défaille par son alcoolisme ou son absence.

Par ailleurs, The Fence s’inspire des récits contés par les anciennes générations dont fait partie le propre père du réalisateur. Biberonné par ces histoires aussi hilarantes que choquantes, William Stone exorcise les souvenirs et traumatismes de ses aînés. Cet hommage audiovisuel trouve son équilibre entre le feel-good et le feel-bad movie, accompagné d’une bande originale qui saura ravir et raviver le rock british.

The Fence de William Stone, 1h34, avec David Perkins, Sally Phillips, Eugene Simon – Disponible en exclusivité sur FILMO.

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