L’immense série Breaking Bad a déjà été commentée et analysée dans son entièreté, mais le film spin-off El Camino sorti sur Netflix le 7 octobre 2019 semble somme toute délaissé, si ce n’est ignoré par la masse et les fervents du show télévisé crée par Vince GILLIGAN. Ce dernier était toujours aux manettes pour cette suite et a continué à user de sa magie d’écriture et de réalisation pour nous combler. Tentons ici de réhabiliter un film qui a fait le buzz à sa sortie mais qui, aujourd’hui, est déjà malheureusement oublié.
Synopsis : À la suite de sa tragique évasion, Jesse doit accepter son passé s’il veut se construire un avenir… ou quelque chose qui y ressemble plus ou moins (Allociné).
Face à une fin de série nous laissant de l’espoir mais surtout l’envie de savoir ce qui arrive à Jesse Pinkman, interprété par Aaron PAUL, le film était tout à fait pertinent et n’était pas là simplement pour le fan-service. Il y avait une dernière chose à raconter dans toute cette folle histoire criminelle pour le personnage en question qui, au contraire de Walter White, n’était pas en train de “breaking bad” (ou mal tourner) mais bien de se racheter une conscience et de se battre pour mériter de vivre paisiblement.
Alors que le tournage s’est déroulé dans le secret le plus total et que le film a été annoncé à la surprise générale, c’est tout un univers qui est revenu à la vie dans la cité d’Albuquerque, lieu mythique de la série. Des personnages emblématiques, sous forme de flashbacks ou un peu vieillis malgré le fait que l’action se déroule juste après la fin de la série, sont également revenus pour servir le récit et non le spectateur en manque. Le personnage de Jesse Pinkman a encore été plus étoffé et ses démons remémorés, grâce aux retours du duo Badger & Skinny Pete, le vieux Joe, Kenny, Todd mais surtout Walter White, Mike Ehrmantraut et Jane. Des amis, des bourreaux, un partenaire, un mentor et un amour, toute l’ancienne vie du héros a refait surface pour un dernier souffle et des adieux. L’ensemble se passe sur fond de chasse au trésor et les instants western ne manquent pas de nous rappeler que cet univers Breaking Bad est tellement cool, et ça fait du bien b*rdel. La réalisation est toujours aux petits oignons, pensons notamment aux paysages et décors capturés dans lesquels nous voyageons tout au long du film ou à ce plan d’ensemble en plongée lorsque Jesse fouille l’ancien appartement de Todd. Étant un adorateur des scènes de ballade en voiture (coucou Once Upon A Time In Hollywood), je ne peux pas ne pas vous parler de la scène finale.
Les derniers instants du long-métrage réussissent parfaitement à résumer l’ensemble du chemin parcouru par Jesse Pinkman. Après avoir été amené en Alaska par Ed (joué par Robert FORSTER, qui réalisait là sa dernière prestation d’acteur avant son décès le jour de la sortie du film), il part au volant de sa Toyota pour une nouvelle vie. L’occasion pour lui de se remémorer les moments passés avec Jane, avec toute l’émotion de devoir vivre en ayant perdu l’amour de sa vie mais d’avoir, malgré tout, le droit au bonheur. L’histoire du personnage se conclut avec un sourire, les spectateurs, eux, finissent de marbre sur fond de Static on The Radio de Jim White.
Outre le poids excessif de Jesse PLEMONS, incarnant Todd dans la série et tournant The Irishman de Martin SCORSESE au même moment, le film n’a que peu de défauts. Le peu d’attrait pour l’œuvre est certainement dû à l’absence du personnage de Bryan CRANSTON, Walter White. C’est cette relation qui a bâti la série et qui l’a portée à un niveau stratosphérique, les moments avec les autres personnages n’étant que des façons diverses pour développer ces deux protagonistes. Pour une personne comme moi ayant découvert Breaking Bad très tardivement, trois mois avant la sortie inattendue du long-métrage, El Camino est un moment de suspension où le contemplatif est associé à la joie de voir un homme brisé tenter de retrouver le bonheur. Une belle fin pour un personnage qui ne devait pas survivre à la première saison de Breaking Bad.
El Camino est exclusivement disponible sur Netflix.