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[FIFAM 2022] Florilège : Cuaderno de agua, Ici s’achève le monde connu, Le Roi n’est pas mon cousin

Cuaderno de agua, Chili 

Pour le premier court-métrage présenté ici, il s’agit d’un film documentaire qui entretient la forme d’un récit oral d’un journal de bord d’un prisonnier politique. De manière à poser le cadre tout de suite, l’on suit la vie de ce prisonnier, qui est plus précisément un exilé politique sous la dictature de Pinochet au Chili, sur une île lointaine de là où il vivait. Le récit de ce journal intime est accompagné d’images d’archives pour au mieux appuyer les dires du prisonnier et l’immersion marche instantanément. Il y raconte sa nouvelle vie et sa cohabitation qui au début était assez excluante avec les habitants de cette île, et la manière de le conter suffit pour qu’on soit happé par la vie qui nous est décrite. Avec quelques effets sur la voix narrative sur des moments clés du récit, l’impact de celui-ci n’y est que renforcé.

Cependant, il n’est jamais question pour ce film documentaire d’évoquer la raison de cet exil, l’arrestation du prisonnier politique n’est qu’énoncé pour la forme. De fait, le court-métrage ne s’adresse qu’aux conséquences de lutter contre la dictature de Pinochet et il le fait en se consacrant sur des choses belles et humaines que le récit nous raconte. Il y a une morale pleine de sagesse qui se retrouve finalement dans ce court-métrage, l’idée que le monde commet des choses atroces mais qu’on pourra toujours mettre en avant ce qu’il y a de beau. 

Réalisé par Felipe Rodríguez Cerda, durée : 14’

Ici s’achève le monde connu, Guadeloupe / France

Ici nous nous retrouvons face à un court-métrage de fiction qui met en scène au début, une rencontre entre une femme enceinte indigène et épouse d’un colon français, et un africain qui cherche à fuir. Leur rencontre sera d’abord marquée par la méfiance de jeune femme qui s’apprête à accoucher à l’égard de son futur compagnon de route, mais face à l’urgence de la situation, elle accepte son aide à mettre son enfant au monde. Cette épreuve entamera leur bref périple dans la jungle guadeloupéenne où on sera confronté en pleine face par le thème de la vie et de la mort. La mise en scène efficace permet de vivre pleinement leur escapade dans une nature omniprésente et qui met en relief que ce sont eux contre le monde.

Mais au-delà de cette facette d’aventure, ce court-métrage est avant tout une perception historique et réelle de la colonisation où chacun de nos personnages cherche éperdument à fuir, échapper à leurs conditions et pour s’offrir une liberté. Il y a une écriture qui de façon à passer par la fiction, s’apparente à un documentaire, un œil dégagé sur cette réalité du passé colonial. Cela est contrasté avec une palette de couleurs vive et chaude amené par la réalisation qui arrive à capter l’essence de ce qu’elle raconte. C’est une œuvre qui appelle à ne jamais oublier. 

Réalisé par Anne-Sophie Nanki, durée : 25’

Le Roi n’est pas mon cousin, Guadeloupe / France 

Nouveau court-métrage documentaire qui nous est proposé au FIFAM, avec cette fois-ci une manière différente puisqu’il s’agit ici de l’agrémenter d’entretiens d’une grand-mère avec sa petite fille et de ce fait, c’est sûrement le court-métrage le plus touchant proposé dans cette mini sélection du festival (il y a en tout 3 séances qui regroupent des courts-métrages dans la programmation). Ce documentaire est une oeuvre à coeur ouvert sur l’histoire, mais pas seulement histoire à proprement parler, également une histoire sur ce qu’a vécu la grand-mère de la réalisatrice, Elzéa Foule Aventurin. Elle y évoque notamment sa vie passée, son histoire familiale et nous montre à certains instants sa façon de penser.

Il y a notamment des passages où sont filmés des extraits de son livre, « Karukera ensoleillée, Guadeloupe échouée », publié en 1980. Très vite, l’on se rend compte que c’est un hommage fait par Annabelle Aventurin et dépeint le portrait sans détours ni artifices de sa grand-mère. On apprend très vite à l’apprécier avec son tempérament parfois espiègle mais aussi sérieux, et également par cette façon de filmer qui se rapproche au plus du naturel, comme n’importe qui qui filmerait son interlocuteur en face. En outre, une sincérité grandissante s’en dégage de ce court-métrage qui est généreux dans le fait de partager ces moments de vie.

Réalisé par Annabelle Aventurin, durée : 30’

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