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[RETOUR SUR..] Game of Thrones (Saison 6)- Après le désarroi vient la jubilation

Préambule

Cet article contient de nombreux spoilers. Dès lors, il est vivement conseillé d’avoir regardé la série pour apprécier au mieux la lecture. 

Tout le long de cet été, il s’agira de revenir à la manière d’une rétrospective sur chaque saison de la série aux mille merveilles, Game of Thrones. L’idée ici n’est pas totalement d’aborder la série d’un oeil critique mais également de se l’approprier comme une sorte de lettre d’amour faite par un fan, cela en revenant sur les points forts de la série en passant par les intrigues et ce que la série propose de mieux. Bonne lecture.


Nous voilà arrivés à la sixième saison et Game of Thrones n’en finit toujours pas de démontrer sa pleine puissance car effectivement cette saison signe un véritable coup de force dans ses récits, ses personnages et ses enjeux pour au final illustrer l’échiquier final. La série comme à l’image de sa saison 4 qui rééquilibrait la balance, vient encore perturber cette balance et cette fois-ci dans un côté qui nous est favorable, c’est là que la Maison Stark fait ressentir son poids. Après les moult épreuves passées, le reste de la famille Stark mérite plus que quiconque de rétablir son dû, cette saison 6 va en plein dans cette directive. Les enfants Stark prennent donc du grain lors de cette saison, à commencer par Arya qui est l’exemple le plus explicite de ce retour en force. Le temps déjà passé lors de la précédente saison avait déjà forgé encore plus son caractère, mais celui-ci est poussé au maximum de ses retranchements dans cette nouvelle saison. Au-delà d’acquérir des compétences de combat, son escapade dans la cité libre de Braavos est surtout l’occasion pour Arya de faire valoir son identité de Stark. Cette contradiction avec son appartenance aux sans-visages ne fait que renforcer son identité de jeune louve. Tout le long de la saison, et même avant, elle est tiraillée entre son envie d’être une combattante afin de mieux nourrir ses désirs de vengeance, et ses propres idéaux. Quand sa nouvelle chance de se racheter auprès de la Demeure du Noir et du Blanc vient à elle, elle est confrontée à un dilemme de la mise à mort de Lady Cigogne qu’elle estime être une bonne personne et talentueuse. Son refus de la tuer provoquera sa traque de la part des sans-visages mais en même temps son accomplissement dans le fait d’être « personne ». C’est là qu’elle revendique son nom de famille, et qu’elle retourne donc à Westeros commencer sa vendetta. La sixième saison nous délecte au dernier épisode de sa première vengeance en tant que sans-visage avec le meurtre brillamment orchestré de Walder Frey de ses proches, et de tous ceux impliqués dans les terribles noces pourpres. Celles-ci résonnent enfin dans la série comme un sentiment de justice qu’Arya offre autant à nous qu’à elle-même au nom de la Maison Stark. Cependant, Arya n’est pas la seule de sa famille à parcourir une quête d’identité, Bran y est aussi confronté. Jusqu’à présent boudé par mes propres soins dans les articles précédents, l’intrigue de Bran gagne soudain un intérêt crucial dans cette sixième saison qui conclut tout son parcours depuis la première saison avec la découverte de ses facultés. Alors qu’Arya acclame son identité de Stark, Bran, lui, doit s’effacer complètement pour accomplir son destin de devenir la Corneille à trois yeux. La passation de ce titre avec l’actuelle Corneille à trois yeux nourrit le débat entre son identité de noble ou accepter de s’en débarrasser. L’intrigue de Bran permet notamment de creuser le côté magique de Game of Thrones qui est cette fois-ci liée aux Anciens Dieux, les divinités des Premiers Hommes et des Enfants de la Forêt. Ces derniers sont également inclus dans l’histoire de Bran et permettent de constater que Game of Thrones ne comprend pas que la race humaine. Pour revenir à l’identité de Bran, celui-ci est contraint d’accepter sa nouvelle posture de Corneille à trois yeux quand le Roi de la Nuit vient chercher Bran où tout deux ont un lien profond qui est marqué par leurs pouvoirs respectifs. En somme Arya et Bran démontrent que la Maison Stark renaît même s’ils doivent théoriquement abandonner leur appartenance à la maison du Nord et font acte du coup de force mis en avant par cette saison.

Après avoir échappée des griffes cruelles de Ramsay qui donne par cette occasion une impression de déjà-vu, Sansa est désormais complément libre pour la première fois de la série. Elle est accompagnée cette fois-ci de Theon qui a enfin osé se rebeller contre son possesseur. Ces deux personnages vont évoluer au cours de la saison et cela vient renforcer le retour en force de la Maison Stark. Même s’il n’est pas nommé ainsi, Theon qui lui aussi a été en pleine quête de soi, se résout à être à la fois un Greyjoy mais également un Stark. C’est l’approbation de Sansa qui lui permet d’évoluer enfin vers sa nouvelle quête, celle de sa rédemption. Durant cette sixième saison, un Theon traumatisé mais un Theon libéré va pouvoir faire ses preuves auprès de ses deux familles, lui conférant une toute nouvelle position qui sera plus humble malgré sa culpabilité. En revenant de près à la Maison Stark, Sansa évolue également et ce, de manière effrénée. En effet, dès que sa protection est assurée par Brienne de Torth et qu’elle se trouve en sûreté à Châteaunoir, son attitude va vite changée. Une des choses les plus belles que la série offre par cette sixième saison, c’est bel et bien les retrouvailles tout en émoi de Sansa et Jon Snow qui s’étaient quittés dès le deuxième épisode de la série. Tout d’un coup Game of Thrones touche en plein coeur mais cela est différent cette fois car il s’agit de revenir à un temps où la famille Stark était unie et ces retrouvailles font que c’est possible à nouveau. De fait, c’est bien cette union d’une même famille qui a traversé tant d’épreuves difficiles chacun de leur côté qui va donner toute cette assurance nouvelle à Sansa qui va initier la reprise de Winterfell auprès de ses véritables occupants. C’est là que Jon Snow intervient et va participer à son tour à la reprise en force de la famille Stark. Un détail crucial a pourtant été oublier de mon fait, le détail indiquant que Jon Snow est de nouveau en vie. Avec sa nature inextinguible, la série continue à nous surprendre et prend un chemin tout nouveau et dont on aurait aimé le voir plutôt. Mais aussi soulageante que puisse être la résurrection de Jon Snow, celui-ci n’a pas finit d’être le héros de Game of Thrones. Agissant maintenant en homme libre qui a décidé se raccrocher son habit noir, Jon Snow hérite d’une toute nouvelle influence, celle de chef de guerre de de meneur d’hommes. Sa toute nouvelle posture nous rappelle sans aucun doute l’ancien meneur de la famille Stark et portant l’espoir, le regretté Robb Stark. Son évolution lui permet aussi de s’émanciper de son statut de bâtard qui est source de mal-être profond, mais ici, Jon se fait accepter tel qu’il est et son nom d’usage ne représente plus un frein. En somme, Arya, Bran, Sansa, Jon et même Theon signent tous un nouveau départ de la Maison Stark et représentent bien le poids nécessaire pour pencher du bon côté la balance. 

Laissant de côté les intrigues de la glace, celle du feu qu’on retrouve chez Daenerys prend de nouveau une tournure bien épique qui renoue avec la jeune Targaryen conquérante et qui est aussi en adéquation avec la vision de la sixième saison de Game of Thrones. En effet, Daenerys retourne sur ses anciennes traces et aussi involontairement que soit ce retour en arrière, une fois de plus elle y trouvera un avantage de taille. Capturée par les nouvelles hordes dothrakis, Daenerys se retrouve en mauvais posture, celle d’une prisonnière. Elle est amenée à faire face à l’autorité du nouveau Khal qui a la bêtise de ne pas faire face celle de Daenerys du Typhon. Usant de son tempérament de Targaryen, elle renverse le pouvoir des Khalassars dans des flammes tumultueuses et devient véritablement la Khaleesi. Daenerys la conquérante signe son grand retour en passant de prisonnière et veuve d’un khal à la commandante de toutes les hordes dothrakis et meneuse de ses peuples. L’intrigue de Daenerys ne déroge pas à l’esprit de cette nouvelle saison qui se traduit par un réel coup de force mais aussi de donner un nouvel élan à la série où tout semble possible désormais. Tout comme le retour inattendu de Sandor Clegane personnage phare de Game of Thrones. Laissé pour mort par Arya et salement amoché par Brienne, l’on retrouve Le Limier dans un cadre aussi inattendu que son retour, un havre de paix dans une ambiance où tout le mal qui peut exister dans le monde semble banni. Tout ce cadre sert à indiquer que Sandor Clegane entame une phase de rédemption qui lui convient assez pour continuer à vivre. Mais il est vite rattrapé par la dure réalité de Westeros, son semblant de havre idyllique est frappé de plein fouet par l’atrocité et le meurtre de tous ses semblables. Sandor Clegane qui était dans un chemin de rédemption, se rend compte une nouvelle fois que la violence est maître de tout, il choisit alors d’y revenir afin de la combattre en utilisant la violence elle-même. Son récit dans cette saison est particulièrement appréciable car en plus de nous rendre un personnage qui est le reflet de tout ce que Game of Thrones peut faire de mal, la série se sert de ce personnage pour l’y opposer directement. Son évolution à son tour est marquée d’une belle écriture et cette belle contradiction va donner de la nuance à un personnage qui pouvait parfois en manquer.

Nous y sommes enfin, Game of Thrones proposant ses deux derniers épisodes de cette sixième saison confirme qu’elle est mère de toutes les séries. La série se voit succéder deux épisodes qui sont les plus mémorables et qui sont le plus acclamés par le public. Entre « La Bataille des Bâtards » et « Les Vents de l’Hiver », Game of Thrones nous offre un vrai moment de jubilation après tout ce qui a pu être éprouvé pour en arriver là. Premièrement l’épisode 9 dont le numéro est traditionnellement celui qui sort l’artillerie lourde au cours de la saison, propose une bataille qui oppose les deux bâtards du Nord qui ont gravi les échelons, bien qu’un l’ai fait tout aussi honorablement que sa conduite et que l’autre non. D’un côté Ramsay, désormais Bolton, qui est maître des lieux à Winterfell et célèbre pour trop honorer l’image cruelle de son blason, a su rallier les plus grands vassaux du Nord. Puis d’un autre côté, Jon, toujours Snow, épaulé par Sansa et réclamant eux deux la restitution de leur bien aimée demeure, a su rallier les sauvageons qu’il a lui même libérés et quelques infimes maisons du Nord. Avant que la bataille commence, Game of Thrones perpétue sa tradition de se débarrasser d’un Stark lors d’un épisode 9 et il s’agit ici de Rickon Stark, le cadet de la fratrie qui a fui autant que possible le mal qui a rongé le pays. Sa perte est bien évidemment tragique mais inévitable, ce qui rend l’appréhension de sa mort assez insignifiante, notamment avec le recul de Sansa vis-à-vis de la perte de son frère qui lui vaut une froideur nouvelle faisant foi de son évolution au cours de la saison. Arrive le moment de la bataille et celle-ci s’illustre dans une mise en scène très immersive qui coupe le souffle aussi bien Jon qu’à nous et nous montre une facette nouvelle mais très réaliste de la guerre avec l’amas impressionnant de cadavres qui jonchent le terrain, ce qui renforce tout bonnement le côté haletant de la bataille. Mais au-delà de la bataille menée par Jon, c’est également Sansa qui mérite tout autant notre attention puisqu’elle met à mort Ramsay par ses propres chiens et amène une véritable satisfaction à l’épisode autant que la bataille. De fait, la série rétablit pleinement le bien après le mal avec Winterfell de nouveau occupé par les Stark unis et de nouveau maîtres du Nord. 

Secondement, l’ultime épisode vient conclure la sixième saison, le tout en ouvrant sur une scène magistrale et purement frissonnante. Le dixième épisode consacre ses premières 19 minutes, avec une mise en scène habile et qui monte en tension, la vengeance de Cersei. Ce qui est sans aucun doute le plus marquant dans cette scène d’ouverture, c’est bien évidemment la musique qui illustre parfaitement la vengeance de Cersei envers tous ceux qui lui ont causé du tort à Port-Réal, des Moineaux jusqu’à la Maison Tyrell et en passant même par son oncle Main du Roi et Lannister lui-même qui ne l’a pas soutenu. Toute la scène démontre tout le plan qu’a échafaudé Cersei pour rétablir sa justice, elle utilise même son neveu Lancel Lannister pour mener à bien les fins de son plan en le tuant lui-même. Ce faisant, on assiste encore et toujours à l’attitude cinglante de Cersei à qui on peut éprouver une certaine admiration par ce spectacle qui se termine par l’explosion du Grand Septuaire de Baelor au feu grégeois, mettant un terme par la même occasion au nouveau thème musical phare de la série et qui est propre à Cersei. Il sera pertinent d’affirmer que cette scène est le point d’orgue de tout Game of Thrones car le reste de l’épisode forme par l’ensemble de ses intrigues et des personnages l’entonnoir parfait pour la suite de la série avec en prime Daenerys qui décide enfin de débarquer à Westeros. De plus, une révélation vient tout chambouler quand Bran vient à apprendre par ses aptitudes de Corneille à trois yeux, que Jon Snow est le fils de Lyana Stark, la soeur de Ned qui n’est pas donc pas son père, et son père est officiellement Rhaegar Targaryen, le grand frère de Daenerys décédé depuis longtemps. Cette révélation vient s’accompagner d’une transition admirable vers la scène suivante où nous retrouvons Jon Snow en plan rapproché où il est acclamé « Roi du Nord« . Nous avions beaucoup évoquer l’ascension fulgurante de Daenerys, mais il est indispensable maintenant d’évoquer à son tour Jon.

De bâtard à Roi du Nord et maintenant l’héritier légitime du trône de fer, la série déstabilise tout une fois de plus et ce, seulement en quelques secondes. Ce tournant massif qu’amène cet épisode final regroupe toute l’idée qu’on peut se faire de cette saison 6 de Games of Thrones. Elle atteste d’un véritable coup de force dans tout les domaines, mais elle vient surtout consacrer d’une puissance phénoménale tout le chemin parcouru par les personnages dans leurs récits respectifs, du désarroi à la jubilation, où tous prennent un nouveau virage pour amener au mieux la conclusion de la série, c’est en cela que cette sixième saison est la plus importante, en plus d’amener du spectacle, de la fraicheur et une montagne d’émotions.

Games Of Thrones en intégralité sur OCS