The Green Knight est basé sur un poème du XIVe siècle, racontant les exploits du neveu du roi Arthur (Sean Harris) : Sir Gauvain (Dev Patel). Pendant un rassemblement festif autour de la table ronde qui réunit la plupart des chevaliers, une créature étrange mi-homme mi-arbre entre en scène en proposant un jeu. L’un des défenseurs devra le prendre en duel et lui porter un coup et en guise de récompense repartira avec sa hache, mais un an après, il devra se rendre à la chapelle verte pour recevoir ce même coup. Sir Gauvain n’ayant pas vécu de grandes batailles et aventures, décide de prendre Le Chevalier Vert en joue et lui coupe la tête. C’est ainsi que son histoire commence.
Je ne sais pas comment cet engouement est arrivé, avant que The Green Knight sorti au cinéma (pour nous les belges), je ne connaissais David Lowery que de nom, pour cause, je n’ai jamais vu A Ghost Story et c’est très regrettable tant la qualité du film m’a été répété. Mais quand la bande-annonce est sortie, j’ai su directement que je n’allais pas être déçu. Que ça soit au niveau de la photographie du film, des dialogues, des acteurs et tout ce qui s’en suit, j’allais être comblé. Est-ce que toute cette attente m’a causé faux bond ou alors est-ce vraiment le film en partie acclamé par le public ? Oui et non. Je comprends que le film ne puisse pas plaire à tout le monde, son rythme un peu bâtard peut faire décrocher certaines têtes et la longueur des plans peut en endormir certains, mais je crois que ce qu’a voulu faire Lowery, nous livrer un poème au plus pur de ce qu’il est. Parfois long tant qu’il est verbeux, mais lyrique et métaphorique quand il le faut. Les images sont d’une pureté, comme si le réalisateur voulait capter toute l’essence du poème et prendre à contrecourant certains éléments. Les costumes sont inventifs et les décors, en plus d’être réels, sont esthétiquement irréprochables. Parfois pour un film, il faut prendre des décisions comme la facilité d’utiliser de la CGI où des incrustations de fonds verts plus ou moins réussies, mais ici tout est texturé et palpable. Ils ont réussi à créer un costume entier pour Le Chevalier Vert qui, grâce à ça, le rend réel et surtout oppressant.
Un des thèmes abordés dans The Green Knight est le rôle du héros et à quel moment celui-ci peut faillir dans sa quête. Pendant une grande majorité du film, Sir Gauvin fera un voyage initiatique et identitaire pour devenir un grand chevalier, mais ce n’est absolument pas le cas. Au lieu d’agir héroïquement, il se contentera d’être lâche et préférera la fuite au combat. Sur sa route, il croisera tout type d’individus. En passant de pilleur à fantôme du lac, il devra prouver qu’un chevalier est bien plus qu’un défenseur avec une épée. Le scénario fonctionne assez bien et respecte la structure du poème avec différents chapitres. Le film reflète parfaitement bien cette idée de questionnement de l’existence humaine et de ce qui l’entoure. Bien sûr, il reste quelques questions en suspens, mais n’est-ce pas ce qu’on recherche en regardant un film ? Avoir une fin ouverte où une réflexion est mise en avant par l’auteur et pas juste un produit de consommation directement oublié à la sortie de la salle (ou du canapé).
Pour The Green Knight, David Lowery a fait appel un compositeur habitué des productions A24 : Daniel Hart. Il réussit grâce à ses mélodies, à nous transporter à cette époque où se côtoyaient Renard parlant et chevaliers servants. On retrouve énormément de chants lyriques dans ses compositions, ce qui appuie encore plus sur le côté rêvé et poétique de l’œuvre. The Green Knight n’est pas cette aventure épique que pouvait avoir Le Seigneur des Anneaux mais une œuvre singulière où la beauté peut parfois avoir un gout de lâcheté. Je vous conseille de vous plonger dans ce monde merveilleux tant envoutant qu’étrange. Soyez bercé par cette douce mélodie qui transpire la passion et la créativité pour l’œuvre arthurienne.
⭐⭐⭐⭐⭐
Note : 4.5 sur 5.The Green Knight sur Prime Vidéo le 3 janvier 2022.