Je ne serai pas très original en commençant par écrire que la pandémie a grandement changé les plans des grosses productions, notamment en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Malgré tout, l’offre proposée dans les cinémas (lorsqu’ils étaient ouverts…) ayant à disposition un grand nombre de longs-métrages indépendants ou moins bankables était satisfaisante. Je n’ai également pas hésité à aller en salles lorsque des classiques du cinéma étaient rediffusés, notamment The Dark Knight ou Elephant Man à l’occasion des 40 ans du film de David Lynch, mais revenons au sujet. Ce top sera l’occasion pour moi de vous présenter mes films favoris sortis en salle en 2020, loin d’être objectivement les meilleurs, dans l’optique de vous inviter à les voir et à les découvrir ou redécouvrir.
10. Une sirène à Paris
Sensation étrange pour un film que j’ai eu la chance de voir deux fois au cinéma : le premier visionnage faisait du film de Mathieu Malzieu une petite merveille, avec une pointe de poésie à la sauce parisienne et une histoire d’amour magnifiquement retranscrite à l’écran par la mise en scène et la performance de Nicolas Duvauchelle et Marilyn Lima. Malheureusement, la seconde fois au cinéma, j’y ai vu un film banal qui avait perdu toute sa magie en étant simplement porté par un duo d’acteurs relativement convaincant. Je tenais à inclure ce film, en dixième position malgré tout, pour la sensation ressentie à la fin de l’avant-première de l’œuvre. Peut-être l’ambiance unanime d’une salle remplie de fans du réalisateur, qui sait ?
9. La Voie de la justice
Comme son nom l’indique, le film traite d’une affaire judiciaire menant possiblement à l’exécution d’un Afro-Américain accusé d’un meurtre dont il est innocent. Sur fond de racisme systémique au sein de la justice elle-même et de la police états-unienne (du Sud, au moins), c’est un long-métrage qui résonne parfaitement ces temps-ci avec le mouvement Black Lives Matter et ce, même s’il est sorti aux US en 2019. Un film important qui nous rappelle La Ligne Verte ou Philadelphia, avec des moments sensiblement aussi puissants, grâce au duo Michael B. Jordan et Jamie Foxx comme à la réalisation très propre de Destin Cretton, mais sans la touche fantastique.
8. Underwater / Greenland
Rien de tel que des films de ce genre pour se vider l’esprit, surtout ces temps-ci. Underwater et Greenland sont deux œuvres à grand spectacle qui nous rappellent les bons petits téléfilms catastrophe du dimanche après-midi sur TMC, avec une pointe de qualité malgré tout. Que le danger vienne du bas ou d’en haut (en l’occurrence et respectivement, du fond des mers ou du ciel), la tension est maximale et tout est bien tenu en haleine jusqu’au dénouement final. Oui, j’aime les films avec de grosses bêtes et où tout part en cacahuètes. C’est ma came et si vous aimez également, n’hésitez pas car vous passerez un bon moment.
7. Play
Au fond, ce film est un peu ce que tente de nous offrir Snapchat au fil des ans avec les memories, excepté qu’ici tout est tenu dans des cassettes vidéo. Tout est très juste dans ce film, notamment Max Boublil qui excelle dans l’acting et qui est d’une sympathie folle. Grâce à des moments feel-good qui font du bien au moral et qui nous offrent une excellente séance de cinéma, le long-métrage arrive à procurer cette sensation magnifique : vouloir tout jeter et retrouver finalement le bonheur dans des choses simples. Il y a quelques années, nous avions eu droit à Five. En 2020, c’était Play.
6. Ondine
Une petite surprise qu’est ce film indépendant franco-allemand, à la manière du duo d’Une Sirène à Paris, celui d’Ondine est tout aussi touchant et sincère même si le film a du mal à démarrer. Le long-métrage est le premier d’une série de trois films sur les mythes allemands, mais ne pas le savoir ne dérange en rien l’appréciation de ce film puisque c’est l’histoire d’amour qui prime et non la légende. Les moments fantastiques ne sont là que pour sublimer et métaphorer une histoire d’amour dramatique qui parle au spectateur que je suis. Je retiens surtout de ce film la prestation de Franz Rogowski, terriblement touchante et vraie à l’écran.
5. La fille au bracelet
En France, on sait faire des drames judiciaires et psychologiques à la manière d’un Cluedo (Personnellement, j’adore L’Affaire Dominici de 2003 avec Michel Serrault) et La Fille au Bracelet le montre bien, dont certains aspects nous rappellent L’Étranger d’Albert Camus. Avec des performances subtiles et convaincantes de Mélissa Guers, Anaïs Demoustier et Roschdy Zem, le film qui compte quelques moments un peu longs nous embarque jusqu’au bout de l’enquête en nous laissant malgré tout des tonnes de questions (faisant de ce film quelque chose de marquant, qui reste en tête). Contrairement à La Voie de la Justice dont nous parlions plus haut, pas sûr que tout le monde soit innocent ici…
4. Un pays qui se tient sage
Documentaire engagé de David Dufresne sur le mouvement social des Gilets Jaunes (en est-ce vraiment un au regard de la classification de Charles Tilly et Sidney Tarrow ?) qui nous rappelle que la démocratie, ce n’est pas que le vote et les élections, mais également la contestation et, dans le cas français (comme dans d’autres contextes nationaux), la répression. Le long-métrage brille par ce qu’il montre (les violences, le point de vue de chaque camp, les différentes philosophies sur le sujet) et ce qu’il ne montre pas, notamment en mentionnant le fait qu’aucun dirigeant majeur du gouvernement français ou de la police nationale ne soit intervenu. Assurément la première grande œuvre sur Les Gilets Jaunes.
3. 1917
Le film de Sam Mendes est directement entré dans ma collection des films de guerre favoris, et pourtant ce n’est pas tant ma tasse de thé. À travers un flot d’images et de couleurs intenses où la beauté éclate aux yeux des spectateurs, le film monté en faux plan-séquence nous embarque dans une aventure où la petite histoire rejoint la grande. Ce sont des épopées comme celle-ci qui offrent aux films de guerre son statut de genre à part, montrant que chaque individu fut impacté de près ou de loin et que, tout ne tenant souvent qu’à un fil, la suite des évènements dont nous connaissons le dénouement n’était pas toute tracée. Magnifiée par une bande-son grandiose (dont un « I’m a poor wayfaring stranger » doux et douloureux), le long-métrage excelle.
2. Drunk
Un film dramatique qui rend heureux, antithèse ? Dernier film que j’ai pu voir au cinéma en 2020, fin octobre, Drunk est un buddy movie qui n’est égalé que par le drame qui vient rattraper les personnages. L’histoire est assez glauque, quasiment une descente aux enfers sur fond de recherche de soi et de quête du bonheur, mais les moments festifs et autres instants d’envolée lyrique rappellent au spectateur ses plus folles soirées alcoolisées. Que dire de plus si ce n’est que ce film danois de Thomas Vinterberg est un pur bijou porté par des acteurs secondaires excellents, un Mads Mikkelsen grandiose et une nouvelle bande-son incroyable ? WHAT A LIFE !
1. L’Origine du Monde
Ayant eu la chance d’assister à Lille à l’avant-première du long-métrage, au contraire de beaucoup de gens malheureux qui devront attendre sa sortie dans quelques semaines (ou mois ?), le film est un vrai coup de cœur qui réchauffe les corps à grands coups de rires (rien de tel, non ?). Film de et avec Laurent Lafitte, de la Comédie Française, son duo burlesque avec Vincent Macaigne nous rappelle nos franches rigolades devant Le Dîner de Cons. C’est un peu en trichant que je vous invite donc à vous rendre au cinéma dès que possible pour apprécier ce film et encourager les productions françaises de qualité.
2020 fut une année très particulière pour le cinéma, 2021 n’arrange pas les choses pour le moment. Espérons tout de même retrouver les choses prévues initialement pour 2020 et promises en 2021, voici une liste non exhaustive des films que je ne manquerai pas de voir lors de l’année qui vient : Godzilla vs Kong, Conjuring 3, Jungle Cruise, No Time to Die, Matrix 4, Fast & Furious 9, Black Adam, Mission Impossible 7, Halloween Kills, Kaamelott, OSS 177 : Alerte rouge en Afrique noire, Last Night In Soho.