Vous ne le saviez peut-être pas, mais oui, il existe des films sur les blagues de Toto. Et vous auriez tort de les sous-estimer, car le premier opus éponyme, sorti en pleine pandémie de Covid-19, a dépassé le million d’entrées, ce qui n’est pas négligeable pour un long-métrage qui sortait à cette période. Alors que le premier opus était une comédie tout ce qu’il y a de plus classique, Pascal Bourdiaux remet le couvert pour un deuxième volet qui nous promet une aventure amusante en classe verte. Tenons-nous enfin une comédie française grand public qui rassemble en salle ?
(Spoiler : ce n’est pas un chef d’œuvre)
BIENTOTOT CULTE
On reprend les mêmes ingrédients et on recommence, ou presque, car l’acteur qui incarne Toto (Gavril Dartevelle) dans le premier film a changé. Cette évolution n’est guère surprenante, étant donné que trois ans se sont écoulés et que l’acteur a dû grandir durant cette période. Cette pratique n’est pas inhabituelle pour les comédies de ce genre, comme celles des Ducobu ou du Petit Nicolas. Cependant, le réalisateur est demeuré le même depuis le premier film. Force est de constater qu’il manque d’inspiration dans presque tous les domaines. La mise en scène manque de dynamisme, dénuée de toute inspiration marquante. Elle se contente littéralement du strict minimum, et encore. Il est vrai que l’on pourrait peut-être accorder moins d’importance à la réalisation dans un film destiné aux enfants. Cependant, le produit final frôle presque la tromperie, tant rien ne semble être bien coordonné. En partant du principe que le public ciblé est jeune, voire très jeune, l’ensemble manque de rigueur, que ce soit dans la direction artistique, la photographie ou le développement des dialogues. Ce manque de soin n’est pas justifiable.
Le film se déroulant lors d’une classe verte, tente – bien qu’en vain – d’aborder des thématiques écologiques accessibles aux générations plus jeunes. Bien que cet effort soit louable, il demeure en réalité un aspect mineur de l’intrigue. Traiter de l’écologie, surtout à l’heure actuelle, peut se faire de manière ludique sans sous-estimer l’intelligence des jeunes spectateurs. Cependant, le film semble se sentir obligé d’aborder l’écologie, sans parvenir à intégrer ce thème de manière appropriée. De ce point de vue, on peut faire un parallèle avec En Eaux Très Troubles, sorti la même journée.
On pourrait penser que Les Blagues de Toto 2 essaie précisément d’être un film divertissant. Pourtant, cette suite parvient à être encore plus superficielle que son prédécesseur. Les enjeux sont quasiment absents, à l’exception du personnage de Valérie Karsenti, une mairesse corrompue et maléfique (la subtilité de son portrait est palpable dans cette description nuancée). Cependant, tout cela demeure sous-développé et dépourvu de finalité, car chaque résolution d’intrigue est soit téléphonée, soit carrément omise.
Ainsi, tout semble être traité sans grande considération, au point où l’on pourrait croire que le film est un simple épisode de remplissage d’une série télévisée pour enfants. Pourtant, ce n’est pas le cas.
PROTO(TO)COLE FANTÔME
Pendant le séjour en classe verte, Toto et ses camarades (dont on oublie facilement les noms, tant leur rôle dans l’histoire est minime) mènent une enquête sur un mystère qui semble perturber la ferme où ils séjournent. En effet, il semblerait qu’un fantôme hante les lieux.
On pourrait imaginer de nombreuses scènes comiques liées à ce phénomène étrange. Cependant, le scénario ne saisit pas cette opportunité et demeure étonnamment plat. L’histoire de fantôme n’apporte aucune valeur ajoutée à l’image ou aux personnages. C’est dommage, car on perçoit que le film s’inspire de films d’aventure cultes ou de dessins animés comme Scooby-Doo (comme dans la courte séquence de course-poursuite dans le château). C’était une belle opportunité gâchée de créer un film familial agréable et intelligent. De plus, les fameuses blagues de Toto que cette adaptation promettait se révèlent décevantes. En effet, les rares gags, ce qui est d’autant plus décevant pour un film de ce genre, manquent souvent leur cible et restent très basiques. Typiquement, les farces de Toto sont lourdes (comme des attaques sur l’apparence d’une professeure) et ne parviennent même pas à esquisser un sourire. L’auteur de ces lignes en est témoin suite à la projection du film devant un public d’enfants qui n’a pratiquement pas ri.
Le film semble être le résultat d’un scénario écrit avec une paresse exceptionnelle. Par exemple, le personnage de Toto, au-delà de son ton moqueur, manque de caractérisation. Tous les personnages, même les adultes, semblent l’admirer pour une raison inconnue alors qu’il enchaîne les gaffes. Aucune évolution de personnage n’est perceptible, bien que cela soit trop demandé pour un film de cette envergure intellectuelle. Cette tendance se reflète dans toute l’équipe du film en général, puisque l’adaptation d’une franchise bien connue des enfants semble avoir été faite à la va-vite, se reposant sur la renommée de la franchise pour assurer les ventes. Il suffit apparemment de proposer un produit fade, sans originalité et tout simplement dépourvu d’intérêt. Les Blagues de Toto 2 n’est pas un cas isolé, de nombreux autres films du même genre de qualité similaire sont produits chaque année. Il est vraiment regrettable de se contenter de si peu, surtout avec les ressources disponibles. Même si les chiffres du deuxième opus ne sont pas encore connus, il est à noter que le budget du premier film atteignait près de 7 millions d’euros… pour un résultat mitigé.
Les Blagues de Toto 2 est loin d’être la première comédie française médiocre. En soi, cet opus campagnard n’est pas désastreux. Le problème réside simplement dans le fait que ce film incarne la quintessence du médiocre. Rien n’est surprenant, rien n’est particulièrement mémorable ou amusant. Et c’est précisément là que réside le principal problème du film : il est plat. Rien n’est plus frustrant que de ressentir cette absence d’émotion face à un film. Oubliable.
Les Blagues de Toto 2 – classe verte de Pascal Bourdiaux, 1h25, avec Hugo Trophardy, Guillaume De Tonquédec, Anne Marivin – Au cinéma le 2 août 2023.