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[CRITIQUE] the Stylist – Trop dégradé, un peu manic

Au cours des cinq dernières années, la réalisatrice et productrice Jill Gevargizian s’est consacrée corps et âme à la réalisation d’un nombre impressionnant de courts métrages. Parmi eux, The Stylist, sorti en 2016, a remporté un succès retentissant et a captivé l’attention des amateurs d’horreur sur le circuit des festivals. En seulement quinze minutes, ce court métrage dépeint l’histoire fascinante d’une coiffeuse solitaire aux penchants morbides pour la collection de cheveux. Ce type précis de pathos meurtrier appelait une expansion. Ainsi, The Stylist sert de prélude au long métrage de Gevargizian, offrant à son tueur en série sympathique une histoire complète qui conserve l’élégance, la violence et la profondeur des personnages présentés dans son court métrage.

Najarra Townsend, connue pour son rôle dans Contracted, incarne Claire, la coiffeuse éponyme. Claire est une professionnelle talentueuse, réputée pour son travail transformateur et sa capacité à mettre sa clientèle à l’aise. Pourtant, derrière son apparence de perfectionnisme, se cache un désir insatiable d’emprunter les vies de ses clients. Elle satisfait parfois cette pulsion en droguant ses clients occasionnels pour les scalper, leur ravissant ainsi leur identité à chaque fois qu’elle aspire à être quelqu’un d’autre. Lorsque l’une de ses clientes régulières, Olivia, lui offre une invitation à coiffer son mariage, Claire se trouve entraînée dans une obsession mortelle.

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Tout comme son prédécesseur en format court, The Stylist est une étude élégante du personnage d’un psychopathe au bord de l’autodestruction. Claire, une âme tourmentée et solitaire, incarne la douleur et la vulnérabilité avec une profondeur saisissante, rappelant le travail d’Elijah Wood dans le remake de Maniac de Franck Khalfoun. Townsend donne à Claire une humanité troublante, dépeignant avec brio le conflit intérieur de son personnage entre ses pulsions meurtrières et son désir de connexion humaine. En face d’elle, Brea Grant incarne Olivia, une femme équilibrée et épanouie, inconsciente de l’obsession morbide de Claire. Les coauteurs Eric Havens et Eric Stolze veillent à ce qu’Olivia soit un personnage complexe, apportant non seulement une perspective extérieure sur la vie de Claire, mais également une dynamique essentielle à l’intrigue.

Gevargizian présente avec brio un portrait captivant d’un tueur en série en devenir. The Stylist se distingue par son esthétique visuelle et son style impeccables. La réalisatrice joue habilement avec les costumes et la mise en scène, créant une atmosphère sombre et onirique qui plonge le spectateur dans l’esprit perturbé de Claire. Les scènes de meurtre, bien que peu nombreuses, sont imaginatives et saisissantes, reflétant la fascination morbide de Claire pour le scalping.

Malgré quelques faiblesses dans le développement du récit, notamment dans son acte central, The Stylist demeure un début prometteur pour Gevargizian. Townsend livre une performance exceptionnelle qui oscille entre la terreur et la compassion, conférant à Claire une présence à la fois effrayante et émouvante. Dans l’ensemble, il offre une expérience cinématographique immersive et inoubliable, où le spectateur est tour à tour attiré et repoussé par les méandres de l’âme tourmentée de son protagoniste.

The Stylist de Jill Gevargizian, 1h44, avec Brea Grant, Najarra Townsend, Laura Kirk – En VOD le 11 novembre 2021