Le Flic de Beverly Hills célèbre cette année son quarantième anniversaire, et il est difficile de ne pas être encore aujourd’hui captivé par l’énergie qui se dégage de ce film. Ce polar, quasi inédit à l’époque, se marie habilement à une comédie dans le style du « clash des débraillés contre les snobs ». Par ailleurs, il parvient — peut-être de manière fortuite — à offrir une satire mordante de l’application stricte de la loi. Plus remarquable encore, il met en scène un Eddie Murphy de 23 ans, déjà une étoile montante éblouissante — le film n’aurait simplement pas eu le même impact avec un acteur blanc. Le succès fut colossal, suivi quelques années plus tard par une suite dirigée par un Tony Scott encore avide de succès après Top Gun. À ce stade, Murphy était devenu un véritable phénomène, une star incontestée du cinéma. Le Flic de Beverly Hills II se présente alors comme un hommage flamboyant à l’ego de Murphy, tout en étant un film d’action stylisé et résolument ancré dans les années 80, malgré ses lacunes qualitatives, il reste indéniablement divertissant. Quant au troisième opus réalisé par John Landis en 1994, moins en dire est préférable. Il a en effet, pour ainsi dire, scellé le sort de la franchise pour les trois décennies suivantes.
Le cours d’histoire est terminé. Nous sommes de retour avec Le Flic de Beverly Hills : Axel F, ramenant Eddie Murphy dans la franchise qui a largement contribué à sa renommée. Cette nouvelle suite est véritablement une « suite héritage » dans toute sa splendeur. Nous retrouvons tous les personnages emblématiques encore vivants, avec un héros vieillissant confronté à de nouvelles responsabilités. Les gags récurrents et les caméos familiers font leur retour, les séquences d’action passées sont amplifiées (ou simplement reproduites), et même les morceaux de musique emblématiques sont recyclés. Cette approche a souvent porté ses fruits, comme dans Top Gun: Maverick, également une production héritage de Jerry Bruckheimer, où l’on pouvait ressentir une gravité et une nostalgie inattendues, voire uniques. Cependant, dans le cas d’Axel F, cette tentative de raviver l’esprit du passé échoue largement à atteindre sa cible.
Encore une fois, le détective de la police de Detroit, Axel Foley, retourne à Beverly Hills, cette fois pour démêler une affaire impliquant des policiers corrompus qui s’en sont pris à sa fille éloignée, interprétée par Taylour Paige. Elle est désormais avocate de la défense pénale, représentant un présumé tueur de flics. Leur relation demeure tendue, mais elle accepte à contrecœur son aide dans cette enquête complexe. Axel est également épaulé par un nouveau personnage, le détective Bobby Abbott, incarné par Joseph Gordon-Levitt. L’apparition de Kevin Bacon dans le rôle du chef fanfaron d’une unité de lutte contre les stupéfiants signale immédiatement l’arrivée du méchant de l’histoire. Et pour les nostalgiques, ne vous inquiétez pas : Rosewood (Judge Reinhold) et Taggart (John Ashton) font également leur retour, ajoutant une touche familière à cette nouvelle aventure.
Axel F est une affaire résolument conventionnelle. Si cela n’est pas intrinsèquement mauvais, cela se traduit par une simple adéquation sans éclat particulier. Les séquences d’action, bien que correctes (notamment une scène tardive impliquant un hélicoptère volé), tendent à devenir monotones — pas moins de trois poursuites impliquant un gros camion volé rappellent obstinément le passé. La violence y est adéquatement sanglante, mais sans véritable innovation. Le nouveau réalisateur, Mark Molloy, a accompli un travail compétent, bien que l’ensemble présente cette esthétique télévisuelle trop courante chez Netflix.
Axel est censé être plus âgé, plus sage, et simplement un homme meilleur avec le temps. Cependant, la série a toujours reposé sur sa méfiance totale envers toute forme d’autorité, qu’il s’agisse d’un politicien riche ou d’un simple concierge d’hôtel. Certes, les astuces qu’Axel utilisait dans les films précédents étaient à la fois incroyablement politiquement incorrectes et tellement absurdes qu’il était impensable que quiconque y croie. Ici, ces stratagèmes sont principalement dégonflés ou délibérément adoucis pour ne pas paraître si méchants. En essence, l’atmosphère d’Axel F est complètement fausse, dépourvue d’énergie vivifiante. Les tentatives de Murphy de rendre Axel plus doux dans cette résurrection ont certes un sens dramatique, mais elles manquent cruellement d’attrait et ne sont tout simplement pas amusantes à regarder.
Le Flic de Beverly Hills : Axel F de Mark Molloy, 1h55, avec Eddie Murphy, Joseph Gordon-Levitt, Judge Reinhold – Sur Netflix le 3 juillet 2024