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[CRITIQUE] Exhuma – Déterrer le passé

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Par Vincent Pelisse

Exhuma est un film très attendu par les aficionados du cinéma sud-coréen. À ce jour, il s’agit du plus gros succès de l’année en Corée du Sud, avec plus de 11 millions d’entrées. Des chiffres qui font rêver, notamment en France, où l’on aimerait voir nos films de genre connaître un tel engouement. Son réalisateur, Jang Jae-hyun, déjà reconnu pour ses incursions dans l’horreur et le fantastique avec ses deux précédents longs-métrages, semble ici décupler ses ambitions. Son long-métrage est porté par un casting solide, en tête duquel figure Choi Min-sik, l’acteur emblématique de Old Boy et J’ai Rencontré le Diable. Ici, on y suit la lutte acharnée d’une équipe composée de deux chamans et deux géomanciens contre une malédiction frappant chaque premier-né d’une riche famille coréenne, hantée par un esprit maléfique.

Le recours au chamanisme rappelle immédiatement The Strangers de Na Hong-jin (2016), notamment avec une scène rituelle dans la première heure, évoquant l’exorcisme chamanique du film. La mise en scène et le montage créent une transe intense similaire, amplifiant cette comparaison. Cependant, les similitudes s’arrêtent là. Si Exhuma s’inscrit dans la lignée de nombreux films d’épouvante sud-asiatiques, il parvient à se démarquer par des choix narratifs et visuels originaux et modernes. L’élément clé qui fait toute la différence ici est la géomancie, utilisée pour analyser des terrains funéraires. En effet, la malédiction qui frappe le nouveau-né de la famille Park semble provenir d’un ancêtre enterré au sommet d’une montagne, dans une forêt mystérieusement hostile.

Copyright SHOWBOX & PINETOWN PRODUCTION

Exhuma a la particularité de combiner presque deux films en un, sans que cela ne soit un défaut. Le film se divise en deux parties distinctes mais interconnectées. Après un premier climax à mi-parcours, où l’affaire semble “résolue”, notre équipe d’experts en paranormal se plonge plus profondément dans le mystère qui entoure cette tombe maudite. Cette deuxième partie permet de développer de manière passionnante la mythologie initiée dans la première moitié, tout en renforçant l’attachement aux personnages. Le récit explore d’abord un folklore coréen, puis bascule vers des références japonaises, créant un lien avec le passé conflictuel entre ces deux nations, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale.

La première moitié, déjà intense et regorgeant d’idées de mise en scène saisissantes pour susciter la terreur, glisse vers une seconde partie encore plus audacieuse, avec des surprises visuelles impressionnantes qu’il vaut mieux ne pas révéler ici. Ce crescendo dramatique est maîtrisé de bout en bout et puise habilement dans l’imaginaire spectral japonais pour produire une horreur profondément enracinée dans la culture sud-coréenne. À travers cette sépulture maudite, le réalisateur jette un regard sur le passé trouble de cette famille, mais aussi sur celui de la Corée et du Japon, réveillant une monstruosité à donner des sueurs froides. Exhuma s’impose comme l’une des œuvres les plus fascinantes du genre, détournant avec brio les codes traditionnels de l’exorcisme.

Exhuma de Jang Jae-hyun, 2h14, avec Go-eun Kim, Min-sik Choi, Do-hyun Lee – Prochainement en salle

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