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Baby | Do i taste like candy ?

Au sein de l’industrie cinématographique, il y a les bons films, les mauvais films et ceux qui se situent entre les deux. Dans cette dernière catégorie, on trouve une sous-espèce particulièrement frustrante : celle des films déjà vus. C’est malheureusement là que se range le dernier film de Marcelo Caetano. Derrière son titre, Baby, se dévoile l’histoire de Wellington, un jeune homme tout juste sorti d’un centre de détention pour mineurs, livré à lui-même dans les rues de São Paulo, ses parents ayant disparu sans laisser de nouvelles. Il lui faut alors survivre, se reconstruire et faire de nouvelles rencontres. Celle de Ronaldo, un homme plus âgé, bouleversera son existence. Loin d’être un mauvais film, cette œuvre possède indéniablement des qualités. Les acteurs sont investis, et le réalisateur magnifie São Paulo avec brio. Si les quartiers représentés ne sont pas les plus opulents, ils n’en restent pas moins vibrants, tout comme les personnages qui les peuplent. Il y a de la musique, de la danse, et même du Dalida. Mais tout cela au service de quoi, au juste ?

© 2025 Epicentre Films.

Le principal écueil du récit réside dans sa narration didactique et trop convenue, peinant à susciter un réel intérêt. Rapidement, les personnages se retrouvent enfermés dans des schémas narratifs éculés : une relation amoureuse qui commence bien avant que l’un des deux ne cède à l’envie d’aller voir ailleurs ; un passage obligé par le trafic de drogue, avec un fournisseur mécontent parce que le protagoniste ne respecte pas les règles du milieu. Des situations mille fois explorées, dont les ficelles, trop visibles dès leur introduction, ne seront jamais dissimulées par le récit. Cette paresse d’écriture est d’autant plus regrettable que le long-métrage possède des personnages secondaires prometteurs. L’univers queer qui y est représenté est vivant et réjouissant, apportant une dynamique bienvenue au récit. Ces figures en marge, bien que peu exploitées, confèrent à l’ensemble une certaine fraîcheur. Même constat pour la famille de Wellington, dont l’apparition, bien que brève, est marquante. Malheureusement, certains passages souffrent d’un manque d’enjeu et donnent l’impression d’un film qui aurait gagné à être soit raccourci, soit étoffé pour donner plus d’épaisseur à certaines trajectoires.

Pourtant, si les personnages évoluent dans cet espace, l’un des protagonistes les plus marquants reste São Paulo elle-même. Marcelo Caetano entretient une relation intime avec cette ville, cadre de tous ses courts-métrages. Une ville où se télescopent différentes époques, où les rails désaffectés côtoient des constructions contemporaines. Un décor imprégné des stigmates de la dictature militaire brésilienne, encore visibles aujourd’hui. La capitale économique du pays impose aussi son rythme au récit. Le réalisateur la dépeint comme une métropole en perpétuel mouvement, un carrefour d’interactions où Wellington finit par se fondre dans la masse, happé par la frénésie urbaine. Si certaines scènes parviennent à capturer la sensualité de ce couple tentant d’échapper aux bas-fonds de la ville, l’ensemble ne transcende jamais véritablement son sujet. En fin de compte, ce drame ressemble à un simple filtre appliqué sur une trame narrative déjà exploitée par une multitude de réalisateurs. Un filtre brésilien qui pourrait tout aussi bien être hongkongais, vietnamien ou colombien, sans que l’histoire ni les enjeux ne changent réellement—seuls la langue et les décors varieraient. Malgré des scènes et des personnages atypiques, Marcelo Caetano peine à conférer à son film une identité propre, à nous embarquer dans la dramaturgie qu’il ambitionne de créer.