L’Étrange Festival, qui célèbre cette année sa 30ème édition, est l’un des événements cinématographiques les plus emblématiques de Paris. Depuis trois décennies, il offre aux cinéphiles la possibilité de découvrir ou redécouvrir des films fantastiques, d’horreur et étranges. Mais au-delà de ces explorations cinématographiques, le festival joue également un rôle important en mettant en lumière des films plus anciens, souvent oubliés et peu discutés dans le milieu des passionnés de cinéma. Pour cette édition anniversaire, il prend un tournant inattendu avec la soirée d’ouverture : Sanatorium under the sign of the Hourglass. Ce long-métrage, que nous appellerons simplement “Sanatorium” par la suite, se distingue par son approche singulière tant au niveau du scénario que de la mise en scène. Adapté du roman éponyme de Bruno Schulz, il suit l’histoire d’un homme qui, venu visiter son père dans un sanatorium, se retrouve entraîné dans un tourbillon de souvenirs. L’adaptation de Wojciech Has, La Clepsydre, avait déjà exploré cette histoire (je l’ai détaillé dans cet article ici).
À l’instar de Mad God ou Junk Head, Sanatorium utilise la technique du stop-motion et représente le projet de vie des frères Stephen et Timothy Quay, qui ont mis 19 ans à le réaliser. Comme les œuvres mentionnées, il regorge d’idées visuelles ambitieuses qui peuvent fasciner autant qu’elles peuvent dérouter. Cependant, cette richesse visuelle est aussi son point faible. Les cinéastes expérimentent sans relâche dans chaque scène, offrant un spectacle hypnotisant mais parfois difficile à suivre, malgré une durée d’un peu plus d’une heure. Les frères Quay exploitent pleinement l’aspect nébuleux du récit, le rendant aussi flou et brumeux que l’histoire qu’il raconte. Certaines scènes sont délibérément floues, d’autres dépeignent les acteurs comme des spectres, tandis que l’instabilité croissante du protagoniste est accentuée par des répétitions déstabilisantes. Malgré son ambition et sa créativité évidentes, Sanatorium peine à captiver de manière cohérente. Son audacieuse expérience visuelle est entravée par sa longueur et une approche répétitive, laissant une impression mitigée comparée à l’enchantement de La Clepsydre.
Sanatorium Under the Sign of the Hourglass de Timothy Quay et Stephen Quay, 1h15, avec Tadeusz Januszewski, Wioletta Kopańska, Andrzej Klak – Prochainement en salle