Vendu comme un film d’épouvante horreur via ses affiches ou même ses bandes-annonces, “The Craft : Legacy” semblait ressembler (avant même le visionnage) à un film de commande médiocre comme 80% des productions Blumhouse. Contexte mis en place et séance terminée, le film n’est pas ce que l’on pouvait penser.
Synopsis : Lily est une adolescente solitaire dont la vie change quand sa mère, Helen, décide d’emménager avec son petit ami, Adam. Néanmoins, le comportement étrange d’Adam, ainsi que le harcèlement dont elle est victime au lycée, notamment de la part de Timmy Andrews, ne vont pas faciliter les choses. Mais au lycée, Lily va faire la rencontre de Frankie, Tabby et Lourdes, un trio qui pratique la sorcellerie. Pour compléter leurs Coven, les filles ont besoin d’un membre supplémentaire et Lily est la candidate parfaite ! Néanmoins, Lily et son groupe vont vite devoir faire face à des événements étranges …
Réalisé et écrit par Zoe Lister Jones, « The Craft : Legacy » est problématique dès lors où il essaie de développer ses messages progressistes. Dans son premier acte d’exposition, on y retrouve plusieurs gimmicks des Teen Movies post-80’s allant du camarade de classe beau et méchant (bully) au groupe d’amies revanchardes, complices en quête de leur perte de virginité (notamment pour le personnage de Lily). Cette première partie, bien que convenue, est formellement très ludique. Le Teen Movie étant un genre cinématographique de plus en plus rare en salle car devenu trop « commun » et majoritairement affilié aux DTV (The Kissing Booth, etc.) voire même aux série TV (13 Reasons Why, Euphoria, etc.), le retrouver durant un petit temps sur grand écran transparaît comme un vent de fraîcheur. Tout ce qui tourne autour de la rencontre, la découverte de leurs pouvoirs et leurs développements en temps qu’unité, reste dans cette partie amusante jusqu’à la transformation du « bully » en personnage progressiste.
Le problème de ce changement n’est en aucun cas l’idée de cette transformation mais bel et bien son écriture. En effet, Timmy le « bully », adolescent profondément immature et antipathique au premier abord, va se voir transformer en personnage tolérant par le groupe de sorcières après une humiliation publique. Au départ 100% viril, 100% hétéro et 100% garanti client satisfait, Timmy va se voir instantanément changé en gentil féministe bisexuel 100% tolérant en un claquement de doigts. Après avoir exposé aux spectateurs le nouveau Timmy, le film va drastiquement enchaîner les fautes de goûts.

Tout d’abord, au lieu d’appuyer le changement de ce personnage avec une relation homosexuelle, un semblant de romance avec Lily (mis en images par une scène de baiser) va voir le jour. Cela fait que, malgré les dialogues trop appuyés de celui-ci, il en est juste devenu gentil et c’est tout. Au final, juste des bonnes paroles pour faire passer un semblant de message mais qui, au final, ne servent à rien, voire même deviennent lourdes. D’ailleurs, cette lourdeur féministe va s’émanciper de plus en plus à partir de ce moment, avec l’arrivée de l’antagoniste principale. Celui-ci, chef d’une secte uniquement composée d’hommes, souhaite rester supérieur aux femmes qu’il considère comme « esclaves ». Comme vous pouvez vous l’imaginer, c’est raté tout comme dans le film « Black Christmas » de Sophia Takal sorti l’année dernière qui reprenait cette même forme d’antagoniste. Ce personnage fade, nous est uniquement décrit comme autoritaire et misogyne avant d’être vaincu par le groupe des quatre sorcières quelques minutes après.

Dans son ensemble, « The Craft : Legacy » est raté car même au-delà de son écriture, les effets visuels paraissent déjà vieux, la caméra nous renvoie des images dignes d’un téléfilm Disney Channel et les acteurs n’arrivent jamais à être convaincants sur toute la durée du film. J’ai volontairement passé le fait qu’il s’agit d’un reboot/suite du « The Craft » (Dangereuse Alliance en VF) sorti en 1996, car je ne l’ai malheureusement pas vu, mais aussi parce que j’ai l’impression que le seul lien (concernant la diégèse du premier film) présent dans cette « suite » apparaît dans sa scène finale. Cependant, malgré tout ça, j’en retiendrai une première partie ludique et un film qui, nonobstant plusieurs défauts, reste divertissant dans sa durée et son rythme.